Une fois de plus (de trop ?), Twitter a été ce week-end le théâtre d’un déchaînement de haine. Entre vendredi soir et dimanche, le hashtag #LesGaysDoiventDisparaîtreCar s’est hissé parmi les dix sujets les plus évoqués par les Français sur le site de microblogging. Lundi, il avait été remplacé par une autre expression tout aussi abjecte : #BrulonsLesGaysSurDu. En quelques jours, plus de 5 000 internautes se sont lancés dans ce concours de messages homophobes, sans que les dirigeants du réseau n’interviennent réellement.
Cette vague d’homophobie a logiquement déclenché la colère des associations, parmi lesquelles le Comité Idaho qui milite contre l’homophobie et la transphobie. « La loi impose à Twitter France d’avoir des modérateurs. La complicité de cette prolifération d’homophobie et d’appel à la haine est purement et simplement une honte », a fait savoir l’association par voie de communiqué. Et de rappeler que « ce n’est pas la première fois qu’un hashtag de ce style est diffusé et que les moyens d’alerte ne fonctionnent pas ».
En effet, en décembre 2012 déjà, un flot de plus de 11 000 tweets homophobes s’était déversé sur Twitter précédés de la mention #SimonfilsestGay, la faisant figurer en quelques heures parmi les tendances les plus populaires. À l’époque, en plein débat sur la légalisation du mariage gay, le Parti Socialiste avait protesté contre ce « déferlement de propos homophobes » et mis en garde le réseau social. Ainsi, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait pris les twittos à partie. « Tweets homophobes : Comment peut-on encore tenir de tels propos discriminatoires ? », avait-il interrogé. Et d’ajouter : « Abject ! J'invite Twitter à prendre ses responsabilités ». Mais alors que ce hashtag homophobe disparaissait des trendings topics, dès le lendemain, le mot-dièse raciste #SiMaFilleRamèneUnNoir prenait le relais.
Car Twitter semble ne pas être uniquement le terrain de jeu préféré des homophobes, mais celui des xénophobes dans leur ensemble. D’ailleurs, en octobre dernier, le mot-dièse #Unbonjuif s’était répandu comme une traînée de poudre, ouvrant la porte, avec plus de 12 000 reprises, à des propos rivalisant d’antisémitisme. Et alors que le réseau social avait laissé ce hashtag et ses déclinaisons (#UnJuifmort, #UnBonNoir, #UnBonFlic, #AGoodJew) s’installer parmi les sujets les plus partagés sans réagir, la garde des Sceaux Christiane Taubira avait pris position rappelant que ces « messages à connotation racistes ou antisémites » étaient, eux aussi, « punis par la loi française ». Dans la foulée, cinq associations parmi lesquelles l’Union des étudiants juifs de France (UEFJ), SOS Racisme ou encore la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) avaient saisi la justice. Après plusieurs mois de procédures, elles finalement avaient obtenu de Twitter qu’il livre à la justice « les données susceptibles de permettre l’identification de certains auteurs » des tweets antisémites.
Plus récemment, en janvier 2013, le hashtag #SiJetaisNazi, évoqué plus de 1 800 fois en moins de 24 heures, scandalisait une nouvelle fois les internautes et les associations, obligeant l’Union des étudiants juifs de France à relancer le débat sur la modération du réseau social. L’UEFJ avait ainsi accusé Twitter de refuser de mettre en place des « garde-fous » contre le racisme. « Par son refus de mettre un place un dispositif de signalement opérant, Twitter offre un boulevard aux racistes et antisémites », regrettait alors son président, Jonathan Hayoun. Huit mois plus tard, le réseau social n'a visiblement toujours pas pris les mesures qui s'imposent.
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