A l'origine, elles s'étaient réunies pour former un club de lecture. Puis - on ne sait comment le grand écart a eu lieu - cette bande d'Australiennes a décidé de délaisser bouquins et tasses de thé pour monter une équipe de natation synchronisée. Les Clams ("palourdes" en vf) étaient nées. Et si ces copines font parler d'elles aujourd'hui, c'est qu'elles ont l'idée de monter un ballet autour des règles. Intitulée "Crimson Tide: A Period Piece", la chorégraphie aquatique s'articulera autour des quatre étapes du cycle menstruel. Armées de leurs plus beaux maillots de bain rouges et de tampons XXL, les nageuses seront accompagnées d'un DJ et donneront une représentation unique le 18 mars prochain à Melbourne.
Un ballet de natation synchronisée autour des règles, voilà qui promet d'être à la fois drôle et surprenant. Mais qu'on ne se méprenne pas toutefois sur le message des Clams. Derrière cette initiative en apparence décalée et sans prise de tête, l'idée est de briser le tabou qui entoure les menstruations depuis - plus ou moins - la nuit des temps. Interrogée par le site Pedestrian TV, Francis Van Beek, la créatrices des Clams, revient sur la naissance du projet :
"Cette idée était une évidence. Qu'est-ce qui nous passionne ? L'émancipation des femmes. Et normaliser les règles fait partie de cette émancipation. Et puis, pensez-y, la natation synchronisée, les règles des femmes qui se synchronisent... c'était trop parfait ! Le ballet est une interprétation créative et joyeuse du cycle menstruel. J'espère qu'il permettra d'ouvrir la discussion et qu'il réduira les stigmates qui entourent les règles. Et puis c'est aussi un super show body positive. Nous avons des Clams de toutes les tailles et toutes les formes, il y en a même deux qui sont enceintes !"
En plus d'utiliser leur spectacle pour libérer la parole des femmes, les Clams espèrent bien démontrer à leur public qu'aujourd'hui encore, les règles peuvent être à l'origine d'inégalités économiques, sanitaires et sociales. C'est pour cela que l'intégralité des fonds récoltés grâce à la vente des billets ira à l'association Share the Dignity, qui s'assure que les femmes SDF aient accès aux produits de première nécessité, dont les tampons et les serviettes hygiéniques.
Selon un rapport de l'UNICEF et de l'OMS datant de 2015 et rapporté par Courrier International, au moins 500 millions de femmes dans le monde n'auraient pas les moyens matériels de gérer dignement leurs règles. Outre cette situation catastrophique qui touche de plein fouet les pays en voie de développement, notons aussi que les règles sont peu étudiées par la médecine et les pathologies souvent mal prises en charge. Enfin, dans les pays occidentaux, en plus d'être confrontées au tabou qui entoure leurs menstruations, les femmes doivent également composer avec la taxe tampon, qui leur ferait dépenser en moyenne 1 500 euros au cours de leur vie pour les protections menstruelles.