La méconnaissance de la différence entre les termes "vulve" et "vagin" trahissait déjà le tabou régnant autour de l'anatomie féminine. Une récente étude, publiée dans l'International Urogynecology Journal, révèle aujourd'hui que le manque de savoir va plus loin encore : les différentes parties de la vulve en elle-même, soit les grandes lèvres, les petites lèvres, le clitoris ou encore le vestibule et l'urètre, ne sont pas maîtrisées pour une grande partie de la population. Et notamment, par les premières concernées.
Afin de mesurer l'ampleur des dégâts, plusieurs scientifiques ont interrogé 191 patient·e·s (171 femmes et 20 hommes) dans les couloirs d'un hôpital universitaire de Manchester, en Angleterre, leur distribuant un questionnaire illustré d'un schéma à décrire, et leur demandant de répondre à quelques points sur les problèmes de santé rencontrés par les personnes dotées d'une vulve. Bilan : 46 % d'entre elleux n'ont pas rempli le graphique et, parmi celleux qui ont répondu, seul·e·s 9 % ont été capables de nommer les sept parties énumérées.
Autres chiffres édifiants : 37 % avaient mal identifié le clitoris, tandis que 46 % seulement savaient que les femmes avaient trois orifices - l'urètre, le vagin et l'anus. La plupart ont été capables d'identifier correctement le vagin et l'anus, mais seulement 49 % ont pu étiqueter correctement les lèvres et 18 % ont identifié correctement le périnée. Les lacunes sont considérables.
Concernant les problèmes de santé évoqués, les répondant·e·s ont été invité·e·s à expliquer leur compréhension de certaines pathologiques générales, comme les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et le diabète, ainsi que de maladies spécifiques aux femmes, comme le prolapsus des organes pelviens et les fibromes, des excroissances dans et autour de l'utérus.
Là encore, ces dernières, qui touchent pourtant environ un tiers des femmes à un moment donné précise Metro UK, étaient quasi inconnues. 53 % des sondé·e·s étaient familier·e·s avec le prolapsus, et seulement 23 % avec les fibromes.
Selon les auteurs du projet, les résultats "pourraient avoir des conséquences importantes sur la recherche de soins, la prise de décision partagée et le consentement éclairé". Particulièrement inquiétant, donc. Et la preuve de l'urgence qui persiste à ce que l'anatomie propre à plus de la moitié de la population soit davantage étudiée, qu'il s'agisse des salles de classe des plus jeunes comme de la recherche en médecine. Pour une égalité réelle, et une connaissance de son corps salvatrice.