« Nous vivons dans une société qui a mis la femme en vitrine, et qui est finalement répressive» déclarait l’écrivain Roland Barthes. Violences conjugales, harcèlement et abus sexuels, viols, prostitution, mariages forcés, homosexualité, IVG, sida… Autant d’affections douloureuses qui ébranlent et dérobent chaque jour l’intégrité de milliers de femmes sur le globe.
Pour lutter contre ces fléaux fréquemment dus à la malveillance masculine, SOS Femmes Accueil a ouvert ses portes en 1981 à l’initiative d’une déléguée aux droits de la femme. Elle cède le flambeau en 1998 au premier homme de la structure, Yves Lambert. Loin de susciter l’adhésion des féministes sur la valeur de son statut, force est de constater comme il l’expose que «toute cause est toujours mieux défendue par un personnage extérieur à celle-ci. Ainsi les rétifs en viennent à s’interroger sur une telle prise de position de « l’étranger » !
Ne nous leurrons pas, le pouvoir est bel et bien toujours détenu par les hommes, alors qui mieux qu’un homme peut tenter de convaincre ses pairs ? L’écoute devient irrémédiablement différente ! Au moins, moi, ils ne peuvent se permettre de me taxer d’auto-victimisation à l’égard de mon sexe ! »
L’un des axes principaux de l’association est d’avant tout s’illustrer quotidiennement sur le monde virtuel, afin que chacun puisse venir puiser les renseignements qu’il souhaite lorsqu’il le nécessite. La prévention commence avant tout par l’information. « Quand je suis arrivé en 1998, je me suis adonné à une petite série de tests sur Internet pour évaluer l’offre de données sur la toile relatives aux violences conjugales.
J’ai découvert avec stupéfaction que de maigres références américaines, mais rien en français. Moi qui voulais créer une vitrine sur Internet, j’ai vite compris que tout restait à faire ! »
Aujourd’hui, SOS Femmes Accueil est l’association qui offre la plus importante et large ressource en France. « Le génie de cette affaire est que ça nous a permis d’identifier que le public que l’on recevait physiquement était essentiellement composé de femmes qui n’avaient aucune difficulté à demander de l’aide, et savaient où le faire, car coutumières de leurs problèmes. Au fil des messages que nous recevions sur notre site, nous avons pu analyser en étau le profil de ceux qui n’osaient venir directement se présenter à nous.
L’envoi se déroulant entre des heures fixes, 9h-12h ou 14h-16h, et les messages démontrant des qualités rédactionnelles certaines, nous avons rapidement conclu qu’il s’agissait de travailleurs intégrés dans la société et non en marge. Je me sens fier car nous avons pu apporter une solution autre à ces personnes et devenir un vecteur intermédiaire entre la rigidité de la police et le rien le plus absolu !
Le site montre aux victimes qu’elles ne sont pas seules, et masquées par leur ordinateur elles peuvent bénéficier du temps qu’elles souhaitent pour nous livrer pas à pas leurs témoignages ».
D’un point de vue physique, SOS Femmes Accueil gère dans la ville de Saint-Dizier (Haute-Marne) plusieurs structures qui reçoivent, accompagnent et aident les femmes victimes de problèmes importants. Ainsi, le Centre d’Hébergement et de Réinsertion sociale, d’une capacité de 34 places, conventionné par l’Etat et le Conseil Général de la Haute-Marne, accueille toute femme majeure, en grande difficulté, avec ou sans enfants. L’admission doit cependant être prononcée par une travailleuse sociale qui estimera le délai de l’hébergement.
Dans la même optique, les Maisons relais Colbert offrent des possibilités d’habitat au sein d’un immeuble de 5 étages. Elles proposent la location temporaire de 7 appartements de 4 à 5 chambres, jumelés à des bureaux, une salle d’accueil, une salle de réunion et des pièces d’activités comprenant une mini-crèche.
L’intérêt de ce fonctionnement est de créer une petite communauté, médium entre l’isolement et le collectif envahissant, en attendant que la femme en difficulté se ré-acclimate à son autonomie. Travailleuses sociales, surveillantes de nuit et psychologue sont présentes régulièrement sur le site afin d’assurer un suivi personnalisé.
Les habitantes peuvent également s’initier à diverses activités ludiques telles que le bricolage, l’écriture sous forme d’ateliers, l’informatique ou la gastronomie. Chaque activité étant basée sur le volontariat.
L’entrée dans le XXIème siècle a marqué un temps fort dans l’amélioration des conditions de vie des femmes : prévention face aux violences conjugales, ouverture des mœurs face à la prostitution et à l’homosexualité, évolution des traitements contre le VIH.
Malgré ces changements, le travail est loin d’être achevé et beaucoup reste à faire afin d’espérer toucher un jour du doigt un monde où les femmes ne feront plus office d’éternelles souffre-douleurs ou de proies prêtant allégeance au plus dominant.
Emilie Gardes
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