TF : Qu’a apporté le livre de Laurence Pernoud aux femmes des années 50 ?
AG : C’était la première fois qu’un livre paraissait en France sur le sujet et il a trouvé son public immédiatement. La grossesse était l’affaire des médecins, Laurence Pernoud a remis les femmes au centre de leur histoire.
TF : Qu’est-ce qui a changé dans la perception de la maternité depuis cette époque ?
AG : L’obstétrique a connu une véritable révolution avec la péridurale, la naissance sans violence, l’accueil du nouveau-né… Plus informées, les femmes ont commencé à maîtriser leur grossesse et à ressentir l’importance de ce qu’elles étaient en train de vivre. Les femmes des années 50 avaient les mêmes soucis mais on ne les laissait pas s’en préoccuper. Même le vocabulaire a changé : avant on disait « j’ai été accouchée par le docteur untel », aujourd’hui on dit « j’ai accouché ».
TF : Quels sujets mettez-vous à jour pour que le livre reste une référence ?
AG : Il faut sans cesse reparler de l’allaitement. Laurence Pernoud y a toujours été très attachée, c’est un des partis pris du livre. Mais aujourd’hui nous rassurons et comprenons les femmes qui choisissent de ne pas allaiter, il ne s’agit pas de les culpabiliser mais de les informer un maximum. Les ajouts concernent aussi de nouvelles précautions : la science fait parfois des découvertes inquiétantes, et nous en parlons pour appliquer le principe de précaution. Par exemple avec les cosmétiques : on recommande de préférer les produits simples et sans parfum.
AG : Bien sûr et depuis longtemps. Laurence Pernoud était très sensible à la situation des femmes seules, elle ne manquait pas de rappeler que le titre du livre est « J’attends un enfant » et non pas « Nous attendons »… Nous le traitons un peu différemment parce que le contexte sociologique a changé, les femmes seules sont plus nombreuses et certaines le sont par choix, et nous n’oublions pas les pères seuls.
TF : Mères porteuses, fécondation in-vitro, maternité tardive, le désir d’enfant est-il plus pressant à notre époque ?
AG : Le désir d’enfant s’exacerbe plus vite aujourd’hui parce que les femmes mettent en route le premier enfant vers 30 ans, alors que la fertilité s’amenuise toujours à partir de 35 ans. Forcément quand ça n’arrive pas tout de suite elles s’inquiètent et ont recours à la science qui permet d’accélérer les choses. Il n’y a pas à juger cela, c’est la vie des femmes en général qui a changé.
J’attends un enfant, de Laurence Pernoud, édition 2010-2011 mis à jour sous la direction d’Agnès Grison, aux éditions Horay : 28,90 euros.
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