Le consentement pour les nuls devrait-il être le prochain tome de la série publiés aux éditions First ?
C'est ce qu'on se demande après la publication sur les réseaux sociaux d'un extrait du livre Le sexe pour les nuls.
Repéré par la page Facebook "L'empêcheuse de penser en rond", puis repris sur Twitter par l'internaute Maât, un passage polémique demande de façon péremptoire aux femmes dans son titre : "N'adressez pas de messages ambigus."
Parmi les autrices du livre, on compte Ruth Westheimer, sexologue germano-américaine (âgée de 90 ans aujourd'hui), qui a écrit une version en anglais en 1995 : Sex for Dummies. La deuxième autrice est Marianne Pauti, doctoresse à Paris.
On peut ainsi lire dans l'extrait de la version française : "Rien n'est plus pénible pour un homme qu'une douche écossaise. Vous ne pouvez pas impunément lui souffler le chaud et le froid et attendre qu'il prenne les choses avec le sourire. Par exemple, vous avez envie depuis quelque temps d'un week-end en amoureux [...] Vous madame, n'avez pas omis d'emporter la ravissante robe qui vous sied si bien et qu'il adore. Vous avez envie d'être jolie et ça marche très bien, votre partenaire est très émoustillé. De retour à l'hôtel, alors que vous vous déshabillez, vous repoussez ses avances parce que vous êtes fatiguée et que ça peut tout aussi bien attendre demain !"
On lit par la suite que même si vous n'en avez pas envie, ce n'est pas votre avis qui prime, mais bien celui de monsieur. Pour le consentement, on repassera. "Il y a fort à parier qu'il ne va pas apprécier un tel refus après que vous l'ayez ainsi chauffé à blanc. Si le lendemain, il fait ostensiblement la tête et repousse vos avances, ça n'aura rien de surprenant."
Comme des gamines prises en train de fauter, les autrices sermonnent les lectrices : "Soyez claires dans les messages que vous faites passer et ayez conscience de votre impact. Ne soyez pas ambiguës. Les messages doivent être compréhensibles et explicites. [...] Si vous l'allumez, ne vous étonnez pas qu'il n'ait pas envie que vous vous refusiez à lui !"
Au-delà du fait que l'ouvrage prend les hommes pour des personnes incapables d'empathie et de contrôle de leurs pulsions, ce passage du Sexe pour les nuls bafoue complètement la notion de consentement.
On peut avoir du désir à un moment et ne plus en avoir à un autre. On peut également vouloir être séduisante sans forcément vouloir aller "jusqu'au bout". Bref, le consentement s'évalue à chaque moment selon la situation. On peut en discuter se dire les choses et justement ne pas être ambiguës sur notre consentement.
Sur Twitter, Maât invite les internautes à envoyer un message aux Éditions First pour les alerter. Elle a partagé son propre mail où elle explique que la deuxième édition du Sexe pour les nuls "incite au viol et culpabilise les femmes de ne pas céder leur corps à leur conjoint sous prétexte qu'elles l'auraient 'allumé' et qu'il ne 'fallait pas s'étonner' si 'Monsieur [n'était]pas content'."
Elle considère le texte comme dangereux "pour tous vos lecteurs, jeunes comme plus âgés, qui seraient tentés d'y trouver une justification aux crimes et délits commis contre les femmes, et qui les encouragerait donc en ce sens."
Sur la page de l'"Empêcheuse de penser en rond", une internaute répond avec humour : "Et moi, ça fait trois jours que je porte une robe que j'adore et mon copain ne m'a pas sauté dessus. Vous croyez que je devrais lui conseiller ce livre ? "
On se rassure quand même. Les Éditions First vont pouvoir demander conseil à Margaux Collet et Rahaëlle Remy-Leleu pour leur prochaine édition du Sexe pour les nuls. En effet elles sont les autrices dans cette même maison d'éditions du très pédagogique Beyoncé est-elle féministe, qu'on pourra relire à l'occasion.