Au lendemain des attentats qui ont endeuillé la France, Hervé Benoît, un prêtre lyonnais, a signé un texte ignoble sur le site du groupe catholique très conservateur Riposte laïque. Dans cette tribune délirante, il fustige les victimes de la prise d'otage au Bataclan, les "frères siamois des terroristes" :
"Regardez les photos des spectateurs quelques instants avant le drame. Ces pauvres enfants de la génération bobo, en transe extatique, 'jeunes, festifs, ouverts, cosmopolites...' comme dit le 'quotidien de révérence' (sic). Mais ce sont des morts-vivants. Leurs assassins, ces zombis-haschishin, sont leurs frères siamois. Mais comment ne pas le voir ? C'est tellement évident ! Même déracinement, même amnésie, même infantilisme, même inculture... "
Faisant écho aux propos de Jérôme Bourbon, le directeur de la revue d'extrême-droite Rivarol, qui avait déclaré au lendemain des attentats que les Eagles of Death Metal étaient un "groupe sataniste", Hervé Benoît écrit que le groupe est responsable de ce qui lui est arrivé : "Je vois des signes multipliés sur les tee-shirts, sur les tatouages, sur les pochettes de disques : 'mort, diable', et les ingrédients qui vont avec : violence, sexe, défonce, jouissance, vacarme, codes partagés de la culture de masse. [...] Vous invoquez le diable en rigolant ? Lui vous prend au sérieux. Un exorciste extraordinaire me le disait le jour même des attentats : 'Si vous lui ouvrez la porte, il se fait une joie d'entrer.'"
Un argument qui n'est, ironiquement, pas sans rappeler ceux de l'Etat islamique, qui qualifiait dans son communiqué de presse après les attentats, les jeunes qui assistaient au concert des Eagles of Death Metal d'"idolâtres dans une fête de perversité".
Enfin le prêtre lyonnais clôt son texte par une comparaison abjecte entre les nombre de morts pendant les attentats et le nombre d'avortements en France : "130 morts, c'est affreux ! Et 600 morts, c'est quoi ? C'est le chiffre des avortements en France le même jour. Où est l'horreur, la vraie ?"
Sollicité par la presse, Philippe Barbarin, l'archevêque de Lyon, s'est dit "consterné" par la tribune du chapelain de la basilique de Fourvière. Il a affirmé qu'il allait rencontrer Hervé Benoit pour lui demander des explications sur sa tribune. Si sanction il y a à l'encontre du prêtre, elle devra cependant venir du diocèse de Bourges.