"Oui-Oui, un pantin de bois un peu étourdi, est chauffeur de taxi dans la capitale du Pays des Jouets, Miniville (...) Regarde attentivement l'image pendant 5 minutes.... Observe le personnage sur la gauche. Combien a-t-il de bras ? Tu peux compter sur tes doigts pour t'aider." Ceci n'est pas un intitulé d'exercice pour élèves de CP mais pour des collégiens en classe de cinquième. Extrait d'une interrogation surprise, ce texte a été proposé par un prof de français, excédé face à la paresse de ses étudiants.
Ce dernier avait demandé à sa classe de lire l'ouvrage Les Royaumes du Nord de l'auteur Philippe Pullman. En leur proposant cet ouvrage, mélange de science-fiction et de fantastique entre Harry Potter et Game of Thrones, l'enseignant était persuadé d'intéresser ses élèves. Mais il tombe de haut : un mois après, il réalise que seulement 3 d'entre eux (sur 23) ont lu l'intégralité du roman. Deux autres se sont cantonnés aux trois premiers chapitres, tandis que le reste n'a même pas pris la peine d'ouvrir le livre.
Déterminé à leur donner une petite leçon, le prof a donc l'idée de remplacer son contrôle initialement prévu sur Les Royaumes du Nord par un extrait du livre Oui-Oui à la ferme. Divisée en 2 parties, l'interro contenait 16 questions auxquelles un enfant de l'âge de 6 ans aurait pu répondre. L'auteur de ce contrôle totalement délirant a ensuite publié une photo sur un groupe privé Facebook consacré à l'enseignement. En découvrant l'illustration sur le réseau social, la journaliste Éléonore de Vulpillières l'a rendu public et l'a publié sur Twitter dans la foulée. Le tweet de la journaliste ne tarde pas à récolter une avalanche de réactions sur le réseau social. L'affaire prend une telle ampleur qu'elle aboutit à la création du hashtag "#OuiOuiGate".
"Je conseille vivement à ce "prof" de changer de métier... Humiliation des élèves ça marche comme ça en 2018???? Vivement la formation Montessori au moins moi j'aurai l'éthique de mon métier !!!! #OuiOuiGate, tweete une enseignante.
"Pour être clair, l'éducation nationale a besoin d'enseignants ayant du tact et faisant preuve de bienveillance. Elle n'a pas besoin de pères la vertu et d'esprit de sérieux", poste un autre.
D'autres, au contraire, défendent le prof incriminé. La journaliste Eléonore de Vulpillières elle-même présente la situation en mentionnant "un professeur de français au bout de sa vie". Pour elle, pas de doute, il s'agit ni plus ni moins d'une réaction qui ne manque pas d'humour, mais qui dénote un épuisement psychique de la part du professeur. "C'était un coup de gueule humoristique d'un prof désespéré, mais il ne voulait pas être méchant envers ses élèves", estime-t-elle.
Si l'affaire divise, certains considèrent le "Oui-Oui Gate" comme un faux débat, à l'instar de l'internaute @ProfInsoumis :
Qu'il s'agisse d'humour ou non, le professeur à l'origine de la polémique ne s'attendait certainement pas à un tel cataclysme. Celui-ci a d'ailleurs effacé sa publication sur Facebook. Il a ensuite changé son prénom et son nom sur le même réseau social, et a finalement décidé de supprimer son compte personnel.