"Pas d'enfants, merci" : l'affiche d'un restaurant alsacien fait polémique

Cette affiche n'est pas passée inaperçue : "Pas d'enfants, merci". Le message était bien visible sur la porte d'entrée du Winstub Zum Pfifferhus, un restaurant de spécialités alsaciennes de Ribeauvillé, dans le département du Haut-Rhin, où il est resté quelques jours en ce début du mois de décembre.

Jusqu'à ce qu'une grand-mère décide de dénoncer la situation dans un post Facebook. Chantal Ruh a ainsi publié une photo de la porte de l'établissement accompagnée d'un message indigné.

"Hier [le dimanche 4 décembre- ndlr], mes enfants étaient au marché de Noël à Ribeauvillé. Ils attendaient pour une table à la Winstub Zum Pfifferhus à Ribeauvillé et on a refusé de les servir car il y avait une enfant de 4 ans (ma petite Léa). Ils ont dû quitter la table et Léa [sa petite-fille- ndlr] qui adore les restaurants, s'est mise à pleurer, comprenant la situation", raconte la grand-mère, qui évoque une "discrimination". "Comment est-il possible en 2022 qu'un restaurant n'accepte pas les enfants ?", s'est-elle étonnée.

"Après avoir attendu une demi-heure dehors, la serveuse nous a dit qu'elle ne pouvait pas nous servir car nous étions en compagnie d'un enfant. Nous n'avions pas vu le panneau sur la porte", a détaillé Chantal Ruh au journal Les Dernières nouvelles d'Alsace. La grand-mère a expliqué avoir voulu déposer plainte et alerté les gendarmes présents sur le marché de Noël, avant de se rétracter. "Ils m'ont dit que l'affaire serait renvoyée au parquet, que cela prendrait beaucoup de temps et que la plainte serait sans doute classée sans suite."

En revanche, Chantal Ruh a contacté la répression des fraudes, l'autorité contre la discrimination des enfants, l'Umih (l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) ainsi que l'office de tourisme local.

"Je suis d'accord. Je n'aurais pas dû mettre ce mot sur la porte. Nous ne détestons pas les enfants, loin de là. On refuse ceux qui sont insupportables", s'est défendue dans Les DNA Bénédicte Langer, patronne du Pfifferhus, qu'elle tient avec son mari Roland.

Pour elle, "90 % des enfants sont super mal élevés. Ce sont des enfants rois. Ils touchent à tout, crient, courent, abîment nos décors de Noël, mettent leurs chaussures sales sur les banquettes. Une petite fille a même mordu dans un verre pour essayer de le casser. Les parents nous ont dit que c'était de notre faute parce que nos verres n'étaient pas de bonne qualité. Quand on fait des remarques aux parents, ils nous insultent".

Bénédicte Langer affirme souhaiter la mise en place d'une loi qui interdirait l'accès des restaurants aux enfants. "On ne remettra plus le panneau, mais on continuera à refuser les enfants mal élevés", a-t-elle déclaré.

Officiellement, refuser l'accès de son restaurant aux enfants est illégal (sauf "motif légitime"), au même titre que d'interdire à des clients d'y entrer pour un motif discriminatoire (religion, race, état de santé, moeurs...). Un restaurateur qui passe outre la loi commet une infraction et risque au minimum trois ans de prison et/ou 45 000 euros d'amende, mentionne le site economie.gouv.fr. "Ces peines sont portées à cinq ans d'emprisonnement et à 75 000 euros d'amende lorsque le refus discriminatoire est commis dans un lieu accueillant du public ou aux fins d'en interdire l'accès", est-il précisé.

Sur Facebook, si certains ont été scandalisés par cette affiche, d'autres ont compris, ou du moins cherché à justifier la décision des patrons du restaurant. "Il existe maintenant des restaurants et hôtel "child-free" partout dans le monde... Il s'agit d'établissements où les gens qui veulent être sûrs de ne pas être dérangés par des enfants peuvent aller", précise ainsi un internaute. Toujours est-il qu'en France, cela reste encore interdit.