Éric Cantona, l’ancien enfant terrible de Manchester United fait la Une de Libération ce mardi 10 janvier : « Je cherche 500 signatures ». Celui qui arpente désormais les plateaux de cinéma et de théâtre ajouterait donc un énième nom à la liste officielle des candidats déclarés à la présidentielle 2012 ? Oui, mais non ! À la faveur d’un buzz médiatique, relayé par le quotidien qui publie sa lettre adressée aux maires de France dans sa quête de paraphes, Éric Cantona se lance dans la course présidentielle en « citoyen engagé », et non pas en politicien voire même en homme du spectacle s’improvisant politicien, comme ce fut le cas de Coluche en 1981. Populaire, il met sa notoriété au service de la grande cause de la Fondation Abbé Pierre (FAP) : le logement.
« Porter un message simple mais clair ; un message de vérité mais de respect ; un message solidaire et puissant ». Le mal logement concerne 10 millions de personnes en France selon des experts (source Libération), et peine pourtant à s’imposer dans l’agora. L’ancien footballeur compte bien se servir de son pied droit pour shooter dans l’essaim et réveiller les candidats « sérieux » à la présidentielle. Interrogé par Libération (qui lui consacre aussi un édito élogieux), il voit dans le logement « la base d’une stabilité familiale » et se prononce pour la construction de logements, la régulation des prix du logement et l’encadrement des expulsions locatives. L’acteur de 45 ans renvoie à une pétition à signer en ligne pour la fondation Abbé Pierre, qui a lancé en septembre dernier une mobilisation générale pour le logement, et préconise la construction de 500 000 logements par an pendant cinq ans. L’urgence sociale scandalise le candidat, qui juge « inacceptable » que des familles soient contraintes de rogner sur leurs dépenses de santé et d’éducation pour conserver un toit au-dessus de leur tête.
Patrick Doutreligne, délégué général de la FAP, invoque l’intérêt limité des candidats pour le mal-logement pour expliquer la nécessité d’un « aiguillon comme Éric Cantona », « capable de redonner au logement la place qu’il mérite dans cette campagne ». 100 000 signatures ont déjà été recueillies pour que le thème devienne central. Il faut dire que la langue de bois, Cantona ne connaît pas. Dans la même interview, il rappelle que les communes préfèrent payer des amendes plutôt que de construire des logements sociaux. C’est bien à la responsabilité des maires, garants du « lien social », qu’il en appelle. Celui qui avait créé le buzz l’année dernière en poussant les Français à retirer leur argent des banques pour faire sauter le système, s’est assagi. Il n’y a pas que la peau de l’homme au Bic orange qui est sensible.
Élodie Vergelati
Crédit photo : liberation.fr
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