Accoucher sans péridurale est le souhait de plus en plus de futures mamans. Mais parfois, la douleur s'avère si intense qu'elles n'ont d'autre choix que de se tourner vers des analgésies, dont la plus répandue est l'anesthésie sous péridurale.
Une étude parue dans The Lancet le 13 août réalisée par des chercheurs de l'Université de Sheffield (Royaume-Uni) suggère toutefois une nouvelle piste de traitement par voie intraveineuse permettant de limiter le recours à la péridurale. Il s'agit du rémifentanil, un antidouleur dérivé du fentanyl peu utilisé.
En prescrivant une dose de péthidine (morphinique administré par voie musculaire) à 200 femmes en train d'accoucher, les médecins ont constaté que dans 1 cas sur 3, les effets anti-douleurs s'avéraient trop faibles et les patientes se retrouvaient contraintes de recourir à la péridurale.
Les auteurs et autrices de l'étude ont donc effectué un test sur un autre groupe de 200 femmes, à qui ils ont administré du rémifentanil. Résultat : seules 19% des femmes traitées au rémifentanil ont ressenti le besoin de recourir à l'anasthésie péridurale, soit deux fois moins que celles soignées par péthidine.
"Cette découverte remet en question la consommation courante de péthidine en tant que traitement de référence dans le cadre du travail", concluent les auteur·trice·s de l'étude.
Bien qu'ils n'aient observé aucun effet indésirable grave chez les femmes traitées au rémifentanil, les médecins soulignent toutefois la nécessité d'approfondir les recherches afin de confirmer les bienfaits de ce médicament pour la prise en charge des douleurs liées à l'accouchement.
En France, un quart des femmes souhaiteraient se passer de péridurale. Cette technique efficace mais puissante, ne convient en effet pas à toutes les femmes. Il faut dire que la liste des effets secondaires de l'analgésie péridurale peut avoir de quoi décourager : accouchement plus long, hormones perturbées, fièvre, démangeaisons...
Mais l'écart entre le désir des futures mamans et la réalité de leur accouchement est important puisque 77% d'entre elles ont recouru à cette méthode en 2010, selon des statistiques de l'Inserm 2015.
Pour Béatrice Blondel, responsable de ces travaux dans l'Équipe d'épidémiologie périnatale, obstétricale et pédiatrique (EPOPé) "c'est moins le profil de la femme que l'organisation des soins qui va conduire à la pose d'une péridurale en cours de travail."
"La péridurale est disponible dans tous les services et fait partie de la prise en charge habituelle de la douleur proposée aux femmes. Cela les incite donc probablement à l'accepter a priori", explique-t-elle à l'Inserm.