Georges (Jean Dujardin), un homme fasciné par son blouson en daim, devient du jour au lendemain... un tueur en série. Oui oui. Voilà pour le pitch du film "Le daim", disponible gratuitement en streaming jusqu'au 18 août prochain sur la plateforme de francetv. Etonnant non ? Mais si l'on vous dit que c'est une comédie du cinéaste Quentin Dupieux, à qui l'on doit "Yannick", "Réalité", "Daaaaaali !", cela vous surprendra moins.
Car naturellement, cette histoire qui vire au film d'horreur hyper gore est d'une réjouissante absurdité. "Le daim" a même bousculé la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2019 ! Mais s'il fait date dans la carrière de son auteur et dans le cinéma français en général, c'est parce qu'il associe deux personnalités très très fortes et un brin antinomiques : Jean Dujardin et Adèle Haenel. Une liaison choc.
D'un côté, un symbole plutôt lisse du ciné hexagonal, toujours prompt à défendre traditions et terroir, de l'autre... Une comédienne engagée, féministe, aux convictions révolutionnaires. Sacré duo !
Dans cet ovni abordant la création, la solitude et le fétichisme, Adèle Haenel incarne un rôle discret mais très marquant : celui de Denise, une serveuse de bar cinéphile qui rêve de devenir monteuse. Elle va suivre les pas de Georges, qui ne possède pas simplement une veste en daim à franges mais également, un caméscope numérique. Deux atypiques au sein des Pyrénées.
Aussi dérangé qu'un personnage de David Lynch, Georges dévoile volontiers son sens très très relatif des réalités à Denise, moins dangereuse évidemment mais très "insolite" elle aussi : elle projette notamment de re-monter "Pulp Fiction", à l'endroit. Le classique de Quentin Tarantino est réputé pour sa narration en puzzle...
"Je crois qu'il ne faut pas chercher à faire le malin dans un film de Quentin Dupieux. Faut juste être à sa place. Ca donne forcément quelque chose d'inattendu avec lui. C'est un truc étrange", avait confié Jean Dujardin à nos confrères d'Allociné. Dujardin, que l'on imaginait pas forcément aux côtés d'Adèle Haenel. Dans le film, on note un décalage constant entre leurs deux personnages... Facilité par le fait que le monde de Quentin Dupieux fait de ce décalage sa note principale !
Ce fut la première mais aussi la dernière introduction d'Adèle Haenel dans l'imaginaire du plus déjanté des cinéastes frenchie. On s'en souvient car l'actrice y valorise un talent que très peu de cinéastes sont venus chercher chez elle : sa sensibilité comique. C'est dommage, car de Pierre Salvadori à Quentin Dupieux, on constate que l'interprète féministe excelle dans ce domaine.
Allez, on (re)mate !