L'adolescence est un âge compliqué. Quand on le vit, mais aussi quand on se retrouve parent d'un enfant qui entre dans la puberté. Comment répondre aux questions qu'il ou elle nous pose avec tact et sans préjugé, comment lui laisser aussi son jardin secret : le juste milieu n'est pas simple.
Et côté éducation sexuelle, l'école n'est malheureusement pas encore au point pour aborder toutes les questions qui prépareront les ados à une vie sexuelle saine et épanouie.
C'est pour toutes ces raisons, et surtout pour tenter de combler un manque de diversité flagrant dans la littérature jeunesse, que Lizzie Cox, l'autrice d'En mode ado, je gère (éd. Au fil de soi), est passée du journalisme à l'édition :"Après avoir gravi les échelons de ma carrière pendant quelques années, j'ai été nommée rédactrice en chef digital pour une marque de lifestyle pour ados, au Royaume-Uni", nous explique-t-elle. "Cela m'a donné une bonne idée de certaines des luttes et des défis auxquels les adolescents et les jeunes font face quotidiennement".
L'ouvrage, disponible version garçon ou fille, évoque l'acné, l'hygiène, les seins qui poussent, la taille du pénis, mais aussi des sujets plus sociétaux comme les réseaux sociaux, le harcèlement ou encore l'égalité des sexes. Chaque exemplaire offre aussi un aperçu sur le quotidien de l'autre sexe.
Les garçons pourront apprendre par quoi passent les filles, que sont les règles par exemple, et les filles découvrir ce que traversent les garçons. Tous les ados sont représenté·es, pour que chacun·e puisse se reconnaître dans les ouvrages.
On a échangé avec Lizzie Cox autour de l'importance de ses livres qui brisent les tabous et sortent enfin des normes sociétales.
Lizzie Cox : Tous les magazines pour adolescents qui existaient lorsque j'étais jeune ont fermé leurs portes (l'industrie de l'édition ne se soucie pas de nos ados, semble-t-il), et je voulais écrire quelque chose qui donnerait des conseils et des informations pratiques, mais d'un ton léger et amical - semblable à celui de ces magazines. Je voulais que ce soit comme la voix d'une soeur aînée, plutôt que celle d'un professeur autoritaire.
L. C. : Définitivement pas. Nous traitons toujours le sexe comme un sujet tabou dans les écoles, plutôt que d'être complètement ouvert, honnête et pratique. Les filles et les garçons ne devraient pas être séparés pour ce cours, par exemple. Des recherches récentes ici au Royaume-Uni ont montré qu'un nombre alarmant de garçons pensent qu'un tampon doit être enlevé pour qu'une femme puisse uriner. C'est de la folie !
Nous devons éliminer la stigmatisation entourant les règles, la santé sexuelle et tout ce qui est lié au corps. L'éducation sexuelle à l'école devrait également être étendue à des sujets plus larges - comme les dangers de la pornographie (en termes de perception et de normes sexuelles irréalistes) et.
L. C. : Il a toujours été très important que les illustrations des livres mettent en valeur la diversité. Je voulais que tous ceux qui lisent ces livres se voient, sous une forme ou une autre, quelque part sur les pages - et j'ai travaillé en étroite collaboration avec l'illustrateur (Damien Weighill, ndlr) pour y parvenir.
L. C. : J'ai en quelque sorte répondu à cette question, mais c'est tellement important. Plus les garçons en savent, moins c'est ce "mystère" insaisissable, ce "problème de femme" secret. Les règles sont un élément tout à fait naturel, normal et essentiel de la vie !
L. C. : Oui, certainement. La positivité corporelle et l'amour-propre sont les clés d'un bien-être émotionnel sain.