L'affaire Weinstein, célèbre producteur américain accusé de harcèlement, d'agressions sexuelles et de viol sur une quinzaine d'actrices depuis les années 90, incite les femmes à briser le silence sur le traitement qui leur est réservé dans le milieu du cinéma. Dans une tribune parue dimanche 15 octobre dans le JDD, l'actrice Isabelle Adjani dénonce le "système de prédation" qui règne dans l'industrie américaine et souligne qu'"en France, c'est autrement sournois".
Abasourdie par l'attitude de Weinstein, qu'elle traite de "tycoon du cinéma" et qu'elle accuse d'avoir "usé et abusé" de son pouvoir à des fins perverses, la comédienne française écrit : "Quand le silence se brise, quand la parole se libère et qu'elle est enfin relayée parce qu'il n'est plus possible de remettre en cause le témoignage de dizaines d'actrices devenues célèbres, le scandale éclate et révèle de manière spectaculaire le système de prédation dans toute sa monstruosité".
La star décrit l'industrie cinématographique française avec une plume acérée. Selon elle, "il y a les trois G : galanterie, grivoiserie, goujaterie. Glisser de l'une à l'autre jusqu'à la violence en prétextant le jeu de la séduction est une des armes de l'arsenal de défense des prédateurs et des harceleurs". Engagée, Isabelle Adjani balance les insultes qui sont utilisées par "les maisons de production et chez les décideurs" pour évoquer des actrices : "'Toutes des salopes, toutes des putes, de toute façon, ces actrices !'".
La comédienne profite également de quelques lignes pour rappeler à ces messieurs "que quand une femme dit non, elle dit non, que son corps lui appartient et qu'elle seule est libre d'en disposer. Quand une actrice se fait séduisante pour décrocher un rôle, ce n'est pas pour se faire violer!". Et de conclure : "Laissons savoir à ces messieurs les harceleurs que les actrices, comme les ouvrières, les agricultrices ou les ingénieures, les commerciales ou les institutrices, les mamans ou les putains, sont toutes libres de baiser, libres d'avorter. Et libres de parler".
A son tour "inspirée" par les prises de parole des différentes personnalités dans l'affaire Harvey Weinstein, Björk accuse un réalisateur danois de harcèlement sexuel. Sur son compte Facebook, la chanteuse islandaise raconte avoir été harcelée lors du tournage d'un film et explique s'être rendue compte "que le fait, pour un réalisateur, de toucher et harceler ses actrices à son bon vouloir était universel et que l'institution du cinéma le permettait". Si elle ne le nomme pas précisément, tous les regards se tournent vers Lars von Trier, seul réalisateur danois avec qui Björk a travaillé (en 2000, pour le film Dancer in The Dark).
La chanteuse assure que ce triste épisode n'a pas compromis sa carrière, mais lui a ouvert les yeux sur les conditions de travail et de réussite des actrices, pour qui elle se dit "inquiète".