L'un des seuls jobs autorisés pour les femmes au sein de la municipalité de Kaboul ? Nettoyer les toilettes des femmes. C'est ce que rapporte le média CNN, en s'appuyant sur la conférence de presse du maire par interim Hamdullah Nohmani. Les autres employées de la mairie (sur 3 000 employés, 27% étaient des femmes) ont quant à elles reçu l'ordre de "rester à la maison".
"Nous n'avons autorisé au sein du gouvernement que les femmes dont nous avions besoin, je veux dire pour les tâches que les hommes ne pouvaient pas faire, ou pour ce qui n'est pas un travail d'homme ... Par exemple, il y a des toilettes publiques pour femmes. Jusqu'à ce que la situation revienne à un état normal, nous avons demandé aux employées féminines de rester à la maison", a détaillé à ce titre Hamdullah Nohmani.
Les femmes seraient désormais exclues du travail gouvernemental dans la capitale afghane, et des centaines d'anciennes employées seraient actuellement sans emploi, comme l'énonce la chaîne d'informations.
Le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid a quant à lui annoncé ce 21 septembre que l'exécutif du gouvernement serait constitué exclusivement d'hommes.
De plus, le ministère des Affaires féminines a été supprimé par les talibans, pour être remplacé par le ministère "de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice". De quoi augurer du pire pour ce qui est du respect des libertés fondamentales des femmes et des filles afghanes, déjà très malmenées. Ainsi, entre autres nouvelles alarmantes, le porte-parole des talibans recommandait il y a peu aux citoyennes afghanes de "s'absenter du travail" et "rester chez elles", car les combattants ne seraient pas "entraînés pour les respecter".
"L'Émirat islamique ne veut pas que les femmes soient des victimes. Le gouvernement islamique sera ouvert et inclusif", affirmait pourtant Zabihullah Mujahid lors de la prise de pouvoir des fondamentalistes. L'inclusion semble bien loin déjà. "Aujourd'hui, ce qui se passe en Afghanistan va à l'encontre des promesses des talibans et des valeurs islamiques", a déploré en retour l'ex-législatrice afghane Fawzia Koofi à CNN. Une amertume que partagent bien des femmes et des ONG.
"Nous ne pouvons pas attendre de voir des femmes battues en public ou observer le taux de violences conjugales augmenter pour dire que la violence a lieu. Ne pas laisser les femmes quitter leur domicile est définitivement une forme de violence ! Ce qui se passe en Afghanistan est une 'urgence de genre'. Il faut s'assurer que tout dialogue avec les talibans se fasse à condition que les femmes et les filles soient à l'épicentre de ces conversations, s'assurer que leurs droits sont préservés", alerte Mohammad Naciri, directeur de l'entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes pour les régions Arabie et Asie Pacifique.
Une "urgence de genre" alarmante.