"Je suis anorexique et en voie de guérison... Je suis le résultat d'une culture qui célèbre la minceur et l'assimile à la valeur, mais j'arrive à écrire mon propre récit maintenant. Je suis enfin capable de prendre soin d'un corps que j'ai puni toute ma vie et je suis enfin libre." Sur Twitter et Instagram, la mannequin Tess Holliday a brisé le silence qui entourait sa maladie. Et s'est attaquée par la même occasion à quelques réflexes ravageurs. Notamment, celui pour son entourage ou sa communauté de la féliciter d'avoir minci.
"Lorsque vous assimilez la perte de poids à la 'santé' et que vous accordez de la valeur à la silhouette d'une personne, vous dites essentiellement que nous avons davantage de valeur maintenant parce que nous sommes plus minces et vous perpétuez la culture du régime", cingle-t-elle.
"Pour les personnes qui, comme moi, essaient de recadrer leur relation avec leur corps et de guérir, entendre des commentaires sur le poids est un véritable déclencheur. Cela nous fait reculer dans notre progression - et lorsque les personnes qui travaillent sur elles-mêmes vous voient me commenter de cette façon, cela les blesse, elles, et pas seulement moi."
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Une prise de parole saluée par plusieurs associations qui oeuvrent auprès de celles et ceux qui sont touché·e·s par ces troubles de l'alimentation. D'abord parce qu'elle contribue à contredire l'idée selon laquelle seules les personnes de très faible poids pourraient souffrir d'anorexie, et ensuite parce que l'influence de Tess Holliday permet de mettre en lumière une condition souvent gardée sous silence.
"Les troubles de l'alimentation prospèrent sur le secret", détaille ainsi Tom Quinn, directeur de l'organisation caritative Beat, auprès du Guardian. "Le fait que les [célébrités] se manifestent est très bénéfique. Cela peut donner aux autres la confiance nécessaire pour demander de l'aide et renforcer le message selon lequel les troubles alimentaires ne font pas de discrimination et peuvent toucher n'importe qui".
Un avis que Chelsea Kronengold, directrice adjointe de la communication de la National Eating Disorders Association (Neda) partage. Au journal britannique, elle avertit sur les dangers d'une telle perception : "Les personnes ayant un poids élevé sont souvent non diagnostiquées ou mal diagnostiquées en raison de la stigmatisation et des idées fausses sur celles qui seraient plus susceptibles de souffrir d'un trouble alimentaire".
Pourtant, les "complications médicales et psychologiques" sont les mêmes, quelle que soit l'apparence, assure-t-elle. Et de signer : "En tant que société, nous devons cesser d'accorder une valeur morale à des constructions sociales arbitraires d'un poids et d'une taille corporelle 'idéaux'."
De son côté, Tess Holliday conclut avec un conseil nécessaire, que l'on recommandera de suivre au pied de la lettre : "Si tu ne peux pas dire à quelqu'un qu'il est beau sans parler de sa taille, alors, s'il te plaît, ne dis rien du tout."
A bon entendeur...