Lorsque l'on est une femme en Arabie saoudite et que l'on aime le football, c'est à la télévision et nulle part ailleurs que l'on a le droit de regarder les matchs. Une Saoudienne fan de ballon rond l'a appris à ses dépens la semaine dernière.
Fervente supportrice d'al-Shabab, un club de Riyad, la capitale du pays, cette jeune femme a décidé de braver l'interdit et de se rendre au stade al-Jawhara, situé dans la ville de Jeddah, pour assister à la rencontre entre son équipe et celle d'al-Ittihad. Les femmes étant formellement interdites dans l'enceinte des équipements sportifs, elle avait pris soin d'acheter son billet sur Internet et de se vêtir de vêtements d'hommes « pour ne pas être repérée par la sécurité et attirer l'attention », a indiqué un porte-parole de la police, Atti al-Qurashi, dans une déclaration.
C'était sans compter sur le zèle d'un des agents de sécurité du stade de Jeddah qui, ayant découvert qu'il s'agissait d'une femme, a immédiatement prévenu les autorités.
Arrêtée parce qu'elle allait « à l'encontre des règlements », la supportrice, dont l'identité n'a pas été dévoilée, fait désormais l'objet d'une enquête de police, son dossier ayant été « transmis aux autorités compétentes », a fait savoir le porte-parole.
Largement relayée dans les médias, cette nouvelle affaire met une nouvelle fois en lumière l'absence criante de droits des femmes en Arabie saoudite, royaume ultra-conservateur où est appliqué la charia. Placées sous la tutelle d'un homme, leur « gardien » dès leur naissance, les femmes n'ont quasiment aucun droit, ni aucune liberté. Obligées de porter le voile selon les codes vestimentaires dictés la « Mutawa », la police religieuse, les Saoudiennes n'ont, en outre, pas le droit de conduire ni de voyager sans le consentement de leur tuteur et risquent la lapidation, la pendaison ou la décapitation si elles sont reconnues coupables de blasphème, d'apostasie, d'adultère ou de sorcellerie.
La vidéo de la spectatrice clandestine du match de foot au stade al-Jawhara :
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