Invité de l’émission politique « Des paroles et des actes », Jean-Marc Ayrault était attendu sur la question du chômage, alors que la France vient de franchir la barre des 3 millions de chômeurs, et sur sa capacité à réunir la majorité autour du traité européen. Face à un public dans lequel on comptait nombre de ses ministres, tels que Pierre Moscovici (Économie), Najat Vallaud-Belkacem (porte-parole), Christiane Taubira (Justice), Manuel Valls (Intérieur), Jérôme Cahuzac (Budget) ou Vincent Peillon (Éducation), le Premier ministre a souhaité donner l’image d’un gouvernement « solidaire ». À la veille de la présentation du projet de budget 2013, qui s’annonce sévère, Jean-Marc Ayrault est revenu sur les principales questions politiques de la rentrée.
« Nous sommes là pour cinq ans (…). Notre action nous voulons l'inscrire dans la durée ». Jean-Marc Ayrault est clair : il entend bien suivre son rythme pour les réformes, se comparant à Gerhard Schröder, encensé pour les réformes qu’il avait effectuées en Allemagne, assurant même : « on va plus vite que lui ». « Je vous donne rendez-vous aux décisions, ça ne sera pas à la "Saint-glinglin". Ce sera à la fin de cette année, où on aura pris les options qui seront nécessaires, sur la question du coût du travail, sur la question de la compétitivité, les choses seront claires », a-t-il assuré.
François Hollande a pour objectif d’inverser la courbe du chômage d’ici un an. « Je ne sais pas si on va y parvenir, mais il faut tout faire pour y parvenir », a souligné Jean-Marc Ayrault. Si selon lui, limiter la compétitivité des entreprises « à la seule question du coût du travail est une fausse réponse », il a tout de même reconnu du bout des lèvres que l'industrie était confrontée à un problème de coût du travail. « Début 2013, des mesures seront prises », a promis le Premier ministre, refusant toutefois de s’engager sur des annonces précises avant d’avoir confronté ses idées « avec les députés et les économistes ». Face à un David Pujadas sceptique, il a assuré, par ailleurs, que l'objectif de 0,8% de croissance en 2013 était « réaliste » et « atteignable ». Il a souligné également que le gouvernement maintenait son objectif de ramener le déficit français à 3%.
Jean-Marc Ayrault l’a assuré : les efforts demandés aux Français dans le budget 2013 vont épargner « globalement les classes moyennes et les classes populaires ». « À revenu constant, neuf Français sur dix ne seront pas concernés par les augmentations de fiscalité », affirme-t-il. Reste que certaines hausses déjà votées en juillet, comme le gel du barème sur l'impôt sur le revenu, concerneront un nombre beaucoup plus élevé de contribuables. Un point que M. Ayrault a esquivé, préférant évoquer uniquement les prélèvements annoncés dans le budget 2013. Il a par ailleurs promis qu’il n’y aurait « pas d'augmentation de la CSG » ni « de la TVA ». « Ce n'est pas prévu pour l'année 2013 » a-t-il souligné, martelant : « on ne va pas boucher les trous avec la TVA et la CSG ».
Objet actuel de nombreuses discordes, le Premier ministre est revenu sur le traité budgétaire européen. Il a soutenu l’action de François Hollande, assurant que grâce au chef de l’État « les lignes ont bougé en Europe : on parle enfin de croissance, d'union bancaire, de supervision des banques ». « D'un point de vue juridique, si vous prenez la ligne exacte de la phrase qui sera soumise à la ratification (…) le traité n'a pas été renégocié » en juin par M. Hollande. Mais, pour Jean-Marc Ayrault, ce qui est important, « c'est tout ce qui va avec : le paquet croissance, le paquet perspective pour enfin faire que l'Europe ne soit pas seulement une zone de libre-échange, mais qu'elle porte aussi un projet, qu'elle redonne de l'espoir ».
Crédit photo : AFP
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