Comment passer d'une dénonciation du sexisme à une campagne anti-islam ? C'est le sort qu’a subi l'œuvre de la jeune photographe canadienne Rosea Lake, 18 ans. Faite en 2012 et diffusée dès janvier 2013 afin de dénoncer le sexisme ordinaire, la photo prise par l'artiste a été depuis détournée par le parti d'extrême-droite flamand Vlaams Beland dans le cadre d’une campagne islamophobe
En découvrant cette affiche de la dernière campagne du parti, Rosea Lake a décidé de ne pas en rester là, et de dénoncer ce qu’elle considère comme un plagiat manifeste. Dès le 24 septembre dernier, l'artiste a lancé un appel sur le site de microblogging « Tumblr » demandant aux internautes de liker sa page Facebook en signe de protestation. « Je ne suis pas d’accord avec ce qui est en train de se passer. Plusieurs militants belges ont créé une page Facebook pour mettre au courant du plagiat de mon idée afin de prévenir les médias », a-t-elle ainsi déclaré sur sa page.
Le fait est, les similitudes entre les deux prises de vue sont indéniables. Ainsi, la photo détournée met en scène la sénatrice du Vlaams Belang et ancienne Miss Belgique, Anke Van dermeersch. Vêtue d'une robe courte, de dos, des célèbres chaussures à semelles rouge Louboutin, on peut distinguer plusieurs graduations courant sur sa jambe, dont les messages pamphlétaires sont explicites : « conforme à la charia » et « bonne à être lapidée ».
Pour autant, interrogé par l’hebdomadaire Les inrocks, Alexandre Blondieu, avocat au barreau de Paris et spécialiste du droit à l'image et de la propriété intellectuelle, estime qu’il risque d'être difficile pour la jeune artiste de faire reconnaître le plagiat dans la mesure où les affiches de campagne ne sont pas rigoureusement identiques. « Ni la mannequin, ni la robe, ni la position des jambes ne sont les mêmes », explique-t-il. A ses yeux, le seul recours, sans garantie qu’il puisse aboutir, serait « d’agir au nom de la concurrence déloyale car la campagne reprend des éléments qui font songer à sa photo ».
Ce n'est pas la première plainte déposée contre cette campagne, puisque Louboutin avait déjà attaqué le Vlaams Beland pour l’utilisation de son image sans autorisation. Lundi 15 octobre, le tribunal avait donné raison au créateur à la marque.
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