"Mon nom est Bella Hadid". Sur TikTok, une nouvelle tendance déconcerte. De nombreuses utilisatrices se sont effectivement réappropriés l'audio de la voix de Bella Hadid, tiré d'une vidéo d'un tournage de la célèbre mannequin pour le magazine i-D. Et ce, afin de se moquer ou de banaliser les troubles de l'alimentation. L'audio a ainsi circulé au sein de dizaines de milliers de vidéos mises en ligne sur la plateforme.
Des utilisatrices ont effectivement associé la phrase "Mon nom est Bella Hadid" à des exemples de restrictions alimentaires, suggérant qu'elles se sentent "comme Bella Hadi" lorsqu'elles surveillent (trop) leur alimentation. Une "trend" qui a engendré des témoignages dérangeants. Des TikTokeuses ont par exemple affirmé avoir perdu l'appétit pendant des semaines en raison de problèmes de santé mentale et se sentir "comme Bella Hadid".
Entre ironie et mise en lumière (plus que banalisation) des troubles alimentaires, ces vidéos déroutent quant à leur véritable visée. En tout cas, elles dérangent les professionnels de l'alimentation et de la santé.
"Cette tendance normalise les troubles de l'alimentation, assimilant le fait de manger moins ou manger d'une certaine manière au fait de ressembler à un mannequin. Et ce sont là deux normes vraiment malsaines pour toutes les personnes qui regardent", alerte ainsi auprès du Time Jennifer Rollin, thérapeute des troubles de l'alimentation. Cette "trend" représenterait donc un vrai danger pour les personnes vulnérables et jeunes.
"Cela peut contribuer à normaliser les troubles de l'alimentation, voire à en faire une chose cool, ce qui est incroyablement nocif pour les personnes qui y sont sensibles", déplore l'experte. "Ces troubles sont un véritable problème de santé mentale majeur. Ce n'est pas une blague. Mais cette tendance les rend glamour", s'attriste auprès du Time Edie Stark, une assistante sociale spécialisée dans les troubles de l'alimentation.
"...Comme si c'était quelque chose dont on pouvait être fier, on glamourise ces comportements alimentaires perçus comme des exemples extrêmes de retenue, de contrôle et de volonté", achève-t-elle. La spécialiste voit d'ailleurs là un héritage de la culture des années 2000, où magazines, galas de mode et célébrités insistaient sur les "vertus" de la minceur voire de l'extrême-minceur, alors que se perpétuait le culte des régimes.
Malheureux, rappelle le magazine, alors que la National Association of Anorexia Nervosa and Associated Disorders évalue à 26 % le taux d'Américains aux prises avec des troubles de l'alimentation qui auraient déjà fait une tentative de suicide.