Elle n'a que 24 ans et pourtant, elle met déjà le monde à ses pieds. Américaine originaire des Philippines, la jeune Bella Poarch est parvenue à poser sa griffe de YouTube à TikTok en un an montre en main. Sur Instagram, ils sont déjà plus de douze millions à régulièrement liker ses mises en scène très graphiques, ses selfies plus intimistes et ses nouvelles créations artistiques. Mais qui est donc cette idole des jeunes ?
Une sacrée chanteuse, qui a le goût des rengaines pop et surtout punchy. En témoigne son dernier tube, le bien nommé Build a Bitch, et son clip qui, mis en ligne en mai dernier, a su dépasser le compteur des 200 millions de vues. La rengaine est douce mais redoutable, à l'image de ce que la vidéo nous montre : fantasmées par des hommes qui programment leur critères physiques (taille, poids...), de mystérieuses créatures féminines finissent par se venger (violemment) de leurs maîtres libidineux.
Un récit étonnant pour une artiste qui ne l'est pas moins. Passée en quelques années seulement de la Marine aux charts (engagée au sein de l'institution militaire à l'âge de 18 ans, elle s'en est émancipée trois ans plus tard avant de débarquer sur le réseau social TikTok), Bella Poarch a capté l'attention avec ses reprises de rappeuses et ses discours féministes. Une popstar prometteuse donc.
C'est sur TikTok que Bella Poarch s'est donc fait connaître. Le secret de son succès ? Les lip sync. A savoir, le fait de chanter en playback, bien souvent des airs familiers. Une pratique vieille comme le monde, mais redevenue "hype" via des plateformes aussi pop que TikTok, qui chérissent un contenu incisif, concis et percutant. En 2020, son interprétation face-caméra sur ladite plateforme d'un son de la rappeuse britannique Millie B, interprète d'une chanson virale, fait grimper son nombre de followers jusqu'au vertige.
Aujourd'hui, elle est suivie par 74 millions de fans, excusez du peu. Tant et si bien que ses danses déchaînées, ses montages sonores cocasses sur fond d'animés (les dessins animés japonais) et ses divers et variés lip sync font l'objet de best of cumulant à l'unisson des millions de vues sur YouTube. Adepte des challenges TikTok, notamment lorsqu'ils ont trait à des chansons, Bella Poarch est clairement en phase avec son époque : elle détourne la musique, se la réapproprie, autant qu'elle la produit et la diffuse. Toujours avec succès.
A l'instar d'une chanteuse comme Ashnikko, l'Américaine fait partie de ces jeunes stars aux multiples casquettes, bâtissant leur propre image sur les réseaux sociaux, chérissant un lien avec une fanbase dévouée par le biais d'un personnage fantaisiste et de mises en scène tour à tour légères et irrévérencieuses. Moins trash que sa consoeur, Bella Poarch n'en est pas moins engagée. Il n'est pas rare de voir sa voix associée à certains sujets sensibles.
Ainsi un morceau explosif comme Build a Bitch parle-t-il ouvertement des jugements et complexes qui étouffent le corps des femmes, et notamment des jeunes femmes. Une critique d'un phénomène bien connu, le "body shaming", que Poarch renverse en incitant son audience à s'accepter comme elle est, sans chercher une perfection qui, de toute façon (spoiler alert) n'existe pas. Un discours émancipateur, et générationnel : le magazine The Glitter and Gold compare cette démarche à celle de Billie Eilish, qui depuis plus d'un an déjà s'exerce à épingler cette "honte" qui fait l'objet de bien des threads sur les comptes féministes militants.
Mais ce n'est pas tout. Si les positions féministes ponctuent ses nombreuses publications, un autre sujet lui tient tout autant à coeur : le racisme anti-asiatique. Originaire des Philippines, la jeune chanteuse est revenue sur son expérience du racisme dans les pages de Vogue. "Quand j'ai déménagé au Texas, les enfants se moquaient de moi à cause de mon apparence et m'appelaient 'Ling Ling'. Grandir dans un tout nouveau pays a été difficile", déplore-t-elle en relatant ses années d'école en tant qu'enfant asiatique.
Avant de poursuivre : "J'ai été traitée différemment et j'avais l'impression que les gens m'estimaient moins car j'étais Asiatique. J'ai du faire face à diverses attaques et agressions. Il m'est difficile de regarder tout ce qui se passe dans notre communauté. Ces violences peuvent changer votre vie – elles peuvent changer la façon dont vous percevez". Au magazine de mode toujours, Bella Poarch explique actuellement souffrir d'anxiété et de dépression. La santé mentale, là encore, est une thématique qui lui est chère.
On aurait donc tort de ne voir en cette nouvelle star que publications virales et ritournelles obsédantes. Bella Poarch, à l'instar de bien des créatrices de sa génération, hausse avant tout la voix pour ceux et celles que l'on entend pas encore assez. Et il y a fort à parier que ses prochaines créations risquent d'en étonner plus d'un.