Jean-Philippe Zermati : Internet a une place particulière entre le livre et la consultation et, comme ces deux autres outils, a ses avantages et ses inconvénients. Chacun de ces outils va toucher et rejoindre son public. Une enquête récente réalisée auprès de femmes enceintes comparait leurs sources d’informations : elles déclaraient récupérer plus de conseils sur Internet que chez leur gynécologue. Mais en retour elles valident ces informations chez leur médecin : de même, dans le domaine du bien-être et de la nutrition, il existe ce système de va et vient, de confrontation des informations entre différentes sources. Les offres sur Internet présentent certes des inconvénients : les conseils sont moins personnalisés, il n’y a pas de face à face avec un expert, on va moins loin dans la prise en charge. En revanche, les utilisateurs peuvent dire des choses qu’ils n’oseraient pas en consultation, cela permet également de toucher des gens qui ne se déplaceraient pas (pour des raisons de temps, de lieu ou parce qu’ils sont mal à l’aise avec l’idée de consulter un spécialiste) et de bénéficier de l’anonymat que procure la Toile. Reste que la véritable différence qu’apporte le Web est l’aspect communautaire, qui est essentiel. Tant qu’on n’est pas utilisateur, on a tendance à considérer les offres en ligne comme étant des outils totalement impersonnels et froids. Or c’est tout le contraire : il existe sur ces sites une véritable solidarité, une entraide, les utilisateurs appartiennent à une même communauté et se soutiennent dans leurs questionnements et objectifs à réaliser. Sur Linecoaching, les utilisateurs peuvent tchater en direct avec leurs médecins mais également se retrouver sur le forum pour rencontrer les autres internautes.
J-P. Z. : La crédibilité de ces offres en ligne est en effet un point essentiel. Dans mon cas, le fait de déjà bénéficier d’une certaine notoriété m’a certainement stimulé pour créer un site de coaching minceur. Il n’est en effet pas évident de se créer une notoriété sur le Web, surtout dans le domaine de la nutrition, marqué par une forte cacophonie. Emerger sur le Net n’est pas simple, il faut une garantie de crédibilité pour convaincre les utilisateurs du sérieux de l’offre. Reste que la notoriété ne fait pas tout : le site de Dukan par exemple est très connu mais pas pour autant crédible. Cette crédibilité se forge grâce au bouche à oreille, aux résultats obtenus, qui sont un grand vecteur de communication. Je pense également qu’elle se construit en partie grâce aux créateurs du site, que ce dernier soit porté par des individus ou des institutions, comme le soulignent les résultats du sondage. A partir du moment où derrière un site se cache une institution publique ou un expert reconnu pour son sérieux, l’information est au moins fiable. Car là est la question que se posent les internautes : peut-on faire confiance à l’information trouvée en ligne ? Est-ce que je peux suivre les conseils sans mettre en danger ma santé ? Si on y réfléchit, le questionnement reste le même que pour un utilisateur qui va acheter un livre de régime : est-ce que je peux faire confiance à ce qui y est dit et me lancer dans le programme préconisé ?
J-P. Z. : Je ne crois pas que cela modifie quelque chose dans notre rapport au corps, en revanche Internet intervient comme une véritable chambre d’écho, la Toile amplifie tout, aussi bien les bonnes informations que les mauvaises. En nutrition particulièrement, nous sommes beaucoup confrontés au désarroi des utilisateurs à la recherche du bon conseil. Il y a une telle diversité des sources qu’il est difficile de s’y retrouver : même les messages de la santé publique ne sont pas forcément jugés crédibles. Certains phénomènes, comme le régime Dukan, n’auraient probablement pas connu une telle ampleur sans Internet. Il y a toujours eu des nutritionnistes à succès, mais en librairie, où l’ampleur n’est absolument pas la même : contre des centaines de milliers d’exemplaires vendus, on parle aujourd’hui de millions d’internautes touchés.
J-P. Z. : Il est essentiel d’apprendre à se servir d’Internet en croisant et jugeant les sources et la pertinence des sites. On ne peut pas mettre tous les sites au même niveau : un blog d’utilisatrice qui donne son avis et ses conseils sur un programme n’est pas à prendre de la même façon que le site d’une société savante. L’utilisateur doit être capable de faire la différence entre une étude clinique et une étude de cas (comme celui de la blogueuse qui relate ses expériences en ligne auprès de ses lectrices). Cela suppose d’apprendre à décrypter l’information et d’avoir une lecture critique de l’Internet.
J-P. Z. : Je le trouve anormalement élevé ! Les Français surévaluent l’incidence d’une bonne alimentation sur leur bien-être. C’est faussé, ils ne se rendent pas compte de tout ce qui participe au bien-être au-delà de ce qu’ils mangent : leurs conditions de vie, de travail, les évolutions de la médecine… Reste à savoir s’ils surévaluent l’influence de leur alimentation ou s’ils sous-estiment celle des autres facteurs. Cela s’explique certainement par le fait que l’alimentation, comme l’activité physique, est un facteur que l’on maîtrise plus facilement à titre individuel que ses conditions de travail ou de vie : du coup les gens pensent pouvoir en mesurer plus facilement l’impact.
J-P. Z. : Non, cela n’est pas propre au numérique. Il y a déjà beaucoup d’ouvrages qui combinent ces trois dimensions. Sur Internet, ce qui change, c’est que les outils sont plus riches, que l’on peut y adjoindre des vidéos, une communauté, et le média est surtout plus puissant qu’un livre. Si le principe de cours ou de programme minceur n’est pas novateur en soi, tout peut interagir, cela offre plus de possibilités aux utilisateurs.
*Groupe de réflexion sur l'obésité et le surpoids
**D’après un sondage CSA pour Orange et Terrafemina réalisé en ligne du 12 au 13 juin 2012 auprès de 1006 personnes âgées de 18 ans ou plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle après stratification géographique par région de résidence et catégorie d’agglomération.
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