Qu'est-ce que la "cabin fever" ? Sous cet intitulé étrange de "fièvre de la cabane" ne se dissimule pas simplement un film d'horreur pas si dingue du début des années 2000. Non, la "cabin fever" est également et surtout un mal bien contemporain s'il en est. Il désigne les symptômes psychologiques particuliers qu'une personne peut ressentir lorsqu'elle est isolée, seule, chez elle.
Isolée ou "confinée", comme on le dirait plus volontiers de nos jours. Une situation que nous vivons toutes et tous à l'ère du coronavirus, des confinements et des couvre-feux en série. Force est de constater que la pandémie a exacerbé les angoisses et troubles psychologiques qu'engendrent les impressions de solitude et d'isolement. Si bien que de plus en plus de voix expertes tendent à généraliser cette notion pas encore scientifiquement reconnue.
La "cabin fever" n'a pas simplement trait à un aprèm grisâtre passé à boire du thé, tranquillement lové chez soi. Non, elle désigne un isolement étendu sur une longue période, aux symptômes et incidences néfastes et aisément identifiables, ayant directement trait à notre santé mentale, nos émotions, nos attitudes. Mais de quoi est-elle au juste le nom ? Petit guide pratique pour rassurer et sensibiliser.
Tout d'abord, quels sont les symptômes de cette fameuse fièvre confinée ? Le magazine spécialisé Medical News Today énumère justement ses principales caractéristiques psychologiques : ennui sévère, irritabilité accrue, agitation et impatience permanentes, mais aussi augmentation de l'anxiété, du manque de motivation, de l'impression de solitude, du désespoir. La "cabin fever" impliquerait même des cas de dépression. Comme si le cadre étouffant et anxiogène du huit-clos - prolongé et normalisé - était la source de tout notre mal-être.
"Bien que cette 'fièvre' ne soit pas une maladie psychologique reconnue, ses effets émotionnels sont réels, et ils peuvent affecter considérablement la qualité de vie d'une personne", nous assure la revue scientifique. Les incidences de cette fièvre sont concrètes. Incapacité à maintenir une forme de routine, troubles du sommeil, difficultés tenaces de concentration, hygiène de vie malmenée - les habitudes alimentaires notamment. Pour ne citer que cela bien sûr.
Car le spectre est large, et la "cabin fever" implique également des choses plus subtiles, ayant trait aux difficultés de communication et d'interaction, voire même aux complications éprouvées à simplement quitter son domicile pour s'aérer. L'impression d'isolement traîne derrière elle mille et un maux qui dépendent des sensibilités propres, même si symptômes et conséquences généraux s'avèrent être similaires.
Tout cela n'est pas rassurant. Mais une fois nos peines constatées, comment les affronter ? En s'adonnant à quelques exercices de respiration tout d'abord, conseille Lucinda Gordon Lennox, psychothérapeute auprès de Glamour. Pour l'experte, il est primordial d'"activer le nerf vagal ventral et d'éloigner le nerf vagal dorsal". Pour ce faire, on peut également chanter ou rire, quitte à s'initier à la si singulière pratique du yoga du rire.
Se mettre à la méditation, même 5 minutes par jour, est aussi une bonne idée.
"Étirez les deux bras très haut au-dessus de la tête avec les mains jointes, sentez l'étirement de tout votre torse, puis relâchez", préconise encore la psy.
Autres tips salutaires, cette fois-ci plus psychologiques que physiques : se dire que l'on est pas seul à être seul (oui, ça ressemble à du Céline Dion). Relativiser et mesurer (aussi) les avantages de notre solitude cloisonnée (comme le fait d'avoir plus de temps pour soi, pouvoir finir un projet...). Pourquoi ne pas commencer un journal de gratitude par exemple ?
Seconde étape, planifier des sorties dans un but précis (aller à un parc, à tel endroit à telle heure et dans tel but) pour faire en sorte de se rebooster au fil de l'eau. Avoir un objectif, même anecdotique, importe mentalement. Il peut prendre la forme d'un planning écrit et détaillé ("5 minutes de méditation à 9h", "se faire un thé à 16h"...)
Mais surtout, introverti·e·s et isolé·e·s ne doivent pas oublier l'importance des relations humaines. On organise donc une promenade avec un·e ami·e (en respectant les 2 mètres de distance) par exemple. C'est ici que le simple fait de sortir compte : même des visages inconnus permettent de rétablir certains points de repère.
Le site de psychologie Very Well Mind nous prescrit également de stimuler intellectuellement notre esprit pour adoucir ce vertigineux sentiment d'isolement, en s'adonnant par exemple à des mots croisés, de la lecture, des jeux de société.
De son côté, MedicalNews préconise de passer du temps dans la nature pour réduire le stress et l'anxiété et améliorer l'humeur. Les personnes qui n'ont la chance d'avoir accès à un jardin peuvent toujours trouver des moyens d'apprécier la nature comme s'occuper de ses plantes d'intérieur, faire pousser des herbes, regarder le lever ou le coucher du soleil depuis une fenêtre ou un balcon...
Enfin, en faire part à des thérapeutes et des médecins si la situation perdure ou s'aggrave est absolument nécessaire. Et ne surtout pas en avoir honte.