On a du mal à en voir le bout, de cette crise sanitaire. Psychologiquement, les dégâts se font sentir. Le caractère anxiogène nous fait peur. On craint la maladie, mais aussi l'avenir. Car on l'a saisi : rien n'est plus certain. Les projets qu'on avait cette année sont à revoir. On sait déjà qu'on va pouvoir repartir en vacances en France en juillet et en août, si toutefois une potentielle seconde vague ne nous contraint pas à nous reconfiner, mais dans quelles conditions ? Les mariages, voyages et autres célébrations en tout genre avec notre entourage sont à mettre en stand-by. Pourtant, on les attendait avec impatience.
Bien sûr, à côté des personnes malades, de celles qui ont perdu un·e proche et des personnels en première ligne, tout ça est secondaire. Si notre seul problème est de pleurer l'aller-retour à Minorque qu'on va devoir décaler, clairement, on fait partie des chanceux·se·s. Et on en est conscient·e.
Seulement pour certain·e·s d'entre nous, ces événements permettent de tenir le coup. Une bouffée d'air en perspective qui aide à accepter un quotidien parfois difficile. Et par temps de pandémie, se dire que d'ici peu on sera à nouveau ensemble sous le soleil à se détendre fait un bien nécessaire. Owen O'Kane, psychothérapeute émérite britannique, assure d'ailleurs à Stylist, qu'espérer un futur meilleur, se projeter dans "l'après", est salvateur : cela empêche de se sentir coincé·e dans un présent compliqué.
"Pour utiliser une analogie : regarder vers l'avenir, c'est comme défaire un noeud", affirme-t-il. "Effacer l'impression que la situation actuelle va durer éternellement". Un réflexe à prendre, donc. Et on vous détaille pourquoi.
Pour l'expert, faire des plans (même sur la comète) a des vertus non négligeables, notamment celle de ne plus broyer du noir. "Nous traversons actuellement une période difficile, pleine de défis, et si toute notre attention et notre énergie se concentrent sur les moments sombres et les problèmes, cela a un effet néfaste sur notre humeur et notre niveau de stress", explique-t-il. "Cependant, si nous nous permettons de (...) croire que cette situation n'est pas éternelle, alors le fait de regarder vers l'avant permet au cerveau d'envisager d'autres possibilités" que celle de l'impasse dans laquelle on pense se trouver.
Traduction : imaginer sa vie future, penser aux lieux que l'on visitera, aux sorties que l'on fera en groupe plus tard, même si cela reste hypothétique, participe à remonter un moral plus bas que terre, qui n'en finit pas de nous épuiser émotionnellement. De changer de perspective, d'envisager un quotidien plus léger, plus épanouissant. Et donc d'aller mieux au jour le jour.
Au-delà d'un effet psychologique reconnu, se projeter sur des moments joyeux agit aussi sur le cerveau. "Lorsque nous sommes capables de voir la vie à travers la lentille de l'espoir, il y a une production accrue d'endorphines et d'enképhalines", détaille Owen O'Kane. "Ces hormones sont libérées lorsque que l'on prend de la morphine, et les gens décrivent souvent un sentiment de calme et de bien-être lorsqu'ils y ont recours pour calmer la douleur."
Une sorte de cocon d'optimisme qui nous fait voir la vie en rose, sans délirer non plus. Et en bonus : une baisse du stress. "Nous sommes également susceptibles de nous sentir plus motivés", poursuit l'expert. "Ce changement peut alors nous inciter à faire plus d'activités dans la vie. Par la suite, l'humeur s'améliore encore et l'anxiété diminue grâce à l'augmentation d'hormones telles que la sérotonine et l'ocytocine. L'impact positif sur notre cerveau et notre fonctionnement est tout à fait remarquable". On tentera simplement de ne pas basculer dans l'effet inverse : la quête nocive de la surproductivité.
On veut bien troquer ses pensées déprimantes contre un peu de positivité, mais concrètement, on ne sait pas vraiment comment s'y prendre. Surtout quand l'ambiance générale n'est pas vraiment à la fête - à juste titre. Selon le psychothérapeute, il est important d'abord de considérer cet état d'esprit, celui de miser sur l'espoir d'un futur meilleur, comme une possibilité. Et donc de s'y ouvrir. "L'espoir n'est pas quelque chose que l'on peut imposer à quelqu'un, mais je pense que nous pouvons le lui donner comme une option", conseille-t-il. "La seule chose que j'encourage vraiment les gens à faire, c'est de se laisser aller".
Lâcher prise, et s'écouter. "Parfois, il s'agit simplement de cette capacité à s'asseoir et à penser que vous avez beaucoup plus de contrôle que vous ne le pensez pour changer votre mentalité et faire des choix qui vont mieux fonctionner pour vous", garantit le spécialiste.
Alors désormais, quand on sent que l'on vacille vers les tréfonds du pessimisme, on tente de se focaliser sur un événement prochain qui nous rassure, qui nous réjouit. Voire on réfléchit à un projet que l'on a toujours rêvé d'entreprendre, et à comment, d'ici quelques mois, on pourra le mettre en place. Rien que pour se donner du réconfort pour la journée ou les quelques semaines à venir. Et réussir à appréhender cette période plus sereinement.