Chaque année en France, près de 59 000 femmes développent un cancer du sein. Mais l'épreuve que la maladie représente ne s'arrête pas à la sphère privée. Elle investit également le champ professionnel. Ainsi, les patientes après leur cancer du sein, à la reprise de leur travail, souffriraient de nombreuses discriminations.
Selon une étude de Canto Unicancer (qui s'intéresse la qualité de vie des femmes traitées pour un cancer du sein) qui a interrogé 12 000 femmes atteintes d'un cancer du sein, 22 % des malades rapporteraient "une forme de discrimination dans leur emploi". Laquelle se déploie sous diverses formes : un sentiment de perte de responsabilités à 50 %, de perte d'avantages à 49 %, voire même l'observation d'un refus d'augmentation ou d'un arrêt de toute promotion - dans 45 % des témoignages.
Des chiffres accablants. Et ce n'est pas tout.
Car parmi l'échantillon de femmes interrogées, 13% témoignent également d'une rétrogradation et 7% d'une mutation vers un "changement de poste non désiré". Un constat terrible, quand l'on sait que, par-delà la maladie, les femmes souffrent déjà de toutes sortes de discriminations professionnelles - comme l'écart salarial. Sociologue et chargée de recherche à l'INSERM, Agnès Dumas s'alarme particulièrement quant au traitement critique au sein de la sphère pro "des femmes qui, toutes choses égales par ailleurs, ont un état de santé globalement dégradé suite aux traitements, et qui ont été absentes du travail plus longtemps".
"Le type de contrat (CDD, CDI, autres) ne semblait pas avoir d'impact sur la perception de ces discriminations. En revanche, les résultats montrent que le fait de travailler dans une petite entreprise (moins de cinquante salariés) protège des discriminations perçues", développe encore l'experte de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
Il y a deux ans, une analyse de la cohorte CANTO nous apprenait que 21 % des femmes, soit une femme sur cinq, n'aurait pas repris une activité professionnelle après un cancer du sein "alors que les traitements étaient achevés depuis un an". Parmi elles, 74 % étaient en arrêt maladie, et 9 % à la recherche d'un emploi.