"Un lavement de nez ? Je ne sais pas faire, c'est ma femme qui s'en occupe d'habitude." C'est après cette histoire assez banale, lors d'une nuit de garde à l'hôpital comme les autres, que Mathilde*, interne en médecine générale en région parisienne, a décidé de lancer un compte Twitter intitulé "Charge mentale pédiatrie". Une compilation d'anecdotes sur ces papas qui ont un peu trop tendance à penser que l'éducation des enfants est une affaire de mamans.
Cette nuit de juin 2018, Mathilde, 27 ans, est réveillée à 4h30 : un jeune père de famille vient d'arriver aux urgences car son fils de 18 mois est enrhumé. Problème : il ne sait pas faire de lavement de nez, un geste que les parents peuvent pourtant pratiquer jusqu'à huit fois par jour.
"Abasourdie" et "un peu choquée" selon ses mots, Mathilde reçoit cette même nuit au sein du service pédiatrie où elle effectuait son stage obligatoire de six mois le père d'un bébé de sept jours. Malade, ce nourrisson défèque. Le premier réflexe du papa est alors de le remettre dans les bras de sa mère : "je ne veux pas me salir", affirme-t-il le plus simplement du monde.
"Je suis rentrée de garde et le lendemain, j'ai lancé ce compte Twitter pour ne pas m'énerver toute seule", raconte Mathilde, contactée par Le HuffPost. Si elle a créé "Charge mentale pédiatrie", elle n'est pas la seule à relater les anecdotes qui y sont partagées. La future médecin en a d'abord parlé à ses huit co-internes de stage, puis à certains infirmiers, qui partagent avec elle leurs anecdotes quand ils en ont.
Et avec tout ce petit monde, ce ne sont pas les histoires qui manquent. "Lors d'une journée classique aux urgences, de 8h à 20h, nous avons au moins un récit de ce type, un papa qui oublie le carnet de santé de son enfant, ou qui préfère attendre que la maman soit là...", souligne-t-elle.
Si Mathilde a intitulé ce compte "Charge mentale pédiatrie", c'est parce qu'elle a lu la bande dessinée désormais célèbre d'Emma sur la charge mentale. "J'ai toujours été intéressée par ce concept, j'avais déjà remarqué son existence au sein des couples mais c'est en pédiatrie que cela m'a le plus marquée", ajoute la jeune femme.
Quand elle le peut, cette interne tente de faire un peu de pédagogie auprès des parents. Apprendre aux pères à faire les lavements de nez, par exemple.
Plus généralement, à travers ce compte, Mathilde souhaite "donner un exemple concret de la charge mentale. Non seulement ça existe mais en plus ça arrive plus souvent qu'on ne le croit", précise-t-elle avant d'ajouter: "ce qu'il faudrait vraiment, c'est l'allongement du congé paternité. La plupart de ces pères ne sont pas de mauvaise volonté, ils n'ont simplement eu qu'onze jours auprès de leur enfant."