Corinne Lepage : Lorsque nous avons lancé les recherches, nous étions très interrogatifs au sein du Criigen quant aux effets de la consommation de maïs génétiquement modifié au-delà de 90 jours. D’où cette saga de 5 ans, dont deux années de tests sur des rats, pour mener à bien cette étude. Nous nous attendions à trouver quelque chose évidemment, mais pas à des résultats aussi flagrants. Je ne suis pas une scientifique, mais ce qui m’a frappée, lors des visites des laboratoires, c’était la taille des tumeurs sur les cobayes et leur multiplication. Ces recherches montrent incontestablement les effets des OGM, et pas seulement les impacts liés à la consommation du Round-Up, herbicide auquel le maïs génétiquement modifié – dit NK603 – est rendu tolérant. L’étude montre en effet que les effets sont distincts.
C.L. : Nous avions deux sources de financement principales La Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l'Homme ainsi que l'association CERES (un consortium d’entreprises de la grande distribution). S’il paraissait logique que la FPH s’investisse dans ces travaux, les groupes appartenant au CERES (dont Carrefour et Auchan) y avaient également leur intérêt : ils sont responsables des produits de grande consommation qu’ils distribuent.
C.L. : Je leur réponds que s’ils avaient fait cette étude eux-mêmes, ils pourraient en parler ! Mais reste que je suis d’accord sur une chose : il n’est en effet pas normal que ce soit une petite association comme la nôtre qui ait eu à mener ces recherches, alors que ce sont justement nos détracteurs qui auraient dû s’en charger. Mais nous avons agi, car notre première volonté est que la santé de nos concitoyens soit protégée.
C.L. : Je constate déjà avec satisfaction aujourd’hui que le gouvernement français a bougé dans la bonne direction en saisissant en urgence l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l'environnement et du travail (ANSES) et en confiant le dossier également à l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments. Je suis pour que la commission européenne se saisisse de cette étude, mais à condition que les personnes qui s’en chargent ne soient pas les mêmes qui ont donné le feu vert à la culture des OGM.
C.L. : Monsanto (la firme qui commercialise le maïs OGM incriminé, ndlr) vont évidemment critiquer et décortiquer l’étude. Mais au-delà de ce qui nous attends, en tant que personne issue de la société civile, je suis contente de démontrer que quand la société civile veut se prendre en main, elle peut le faire. Il n’est désormais plus possible de dire qu’on ne sait pas, qu’il n’y a pas d’effets des OGM sur la santé. Au pire, nos détracteurs pourront remettre l’étude en question, demander à la refaire, mais les preuves sont là, les effets ont été démontrés. Aujourd’hui, il s’agit d’une réalité et le dossier des OGM est enfin vu sous l’angle de la santé.
*Comité de Recherche et d'Information Indépendantes sur le génie Génétique.
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