C’est une enquête sanitaire qui ressemble à un thriller, avec tout ce que cela comporte de secrets, de noms de code et de cadavres dans les placards. Des cadavres de rats en l’occurrence. Tout commence en 2006, lorsque Gilles-Éric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, lance une étude quasiment clandestine sur les OGM qui pulvérisera une vérité officielle : celle de l’innocuité du maïs génétiquement modifié. Sous le nom de code In Vivo, l’équipe de chercheur va mener cette enquête, visant à démontrer les effets lourdement toxiques et souvent mortels sur les rats. Les résultats sont divulgués par Gilles-Éric Séralini dans un ouvrage à paraître la semaine prochaine (« Tous cobayes ! », Flammarion, parution le 26 septembre) et sont d’ores et déjà publiés dans la très sérieuse revue américaine « Food and Chemical Toxicology ». Des révélations détonantes, qui arrivent après plusieurs années de recherches menées dans le plus grand secret, où toute conversation téléphonique entre chercheurs était proscrite et où les mails étaient cryptés. L’équipe a d’abord dû récupérer des semences de maïs OGM NK 603, propriété brevetée de Monsanto, avec la complicité d’un lycée agricole canadien, avant de les rapatrier en 2007 et de les transformer en croquettes destinées à nourrir les 200 rats du laboratoire.
Une hécatombe parmi les rats
« Après moins d’un an de menus différenciés au maïs OGM, confie le professeur Séralini au Nouvel Observateur, c’était une hécatombe parmi nos rats, dont je n’avais pas imaginé l’ampleur ». Dès le 13e mois de l’expérience, tous les groupes de rats étudiés sont touchés par des pathologies lourdes et de multiples tumeurs. Les chiffres sont clairs : les rats nourris aux OGM déclenchent de deux à trois fois plus de tumeurs que les rats « non OGM » quel que soit leur sexe. Par ailleurs, au début du 24e mois, soit la fin de vie pour un rat, entre 50% et 80% des femelles sont touchées par des tumeurs, contre un tiers des non OGM. Autant de révélations glaçantes dont compte bien s’emparer Corinne Lepage, ex-ministre de l’Écologie, qui se bat depuis quinze ans au sein du Criigen (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique) avec Joël Spiroux et Gilles-Éric Séralini pour avoir le droit de mener des études de longue durée sur l'impact physiologique des OGM. La première vice-présidente de la commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire à Strasbourg publie un livre à paraître le 21 septembre où elle exige des comptes auprès des politiques et des experts des agences sanitaires et de la Commission de Bruxelles.
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