La Feria de San Fermín, en Espagne, a une réputation qui la précède : une fête censée célébrer le saint patron de la Navarre (dont Pampelune est la capitale) mais qui, en réalité, est un festival centré autour d'une course de taureaux, mettant à l'honneur l'imbécillité et la cruauté d'ivrognes en quête d'adrénaline. Ces dernières années, les articles qui couvrent l'événement relatent surtout des accidents, des agressions et des participants encornés ou piétinés par des taureaux terrifiés.
En sus des risques posés aux humains qui y participent, le festival est un événement terrifiant et meurtrier pour les taureaux contraints d'y prendre part. Pour eux, cela commence par une course effrénée et angoissante et se finit par une mise à mort sanglante dans l'arène.
Ce 6 juillet 2018, afin de dénoncer l'abominable cruauté que cette course implique, je me tiendrai sur la place principale de Pampelune, vêtue de noir en hommage aux animaux sensibles et intelligents qui perdent la vie de manière violente durant la Feria. Avec la centaine d'autres manifestants à mes côtés, nous ferons détonner des grenades de fumée rouge, représentant le sang des taureaux qui coule lorsqu'ils sont poignardés, transpercés et abattus à l'épée par le torero.
Le festival attire surtout des touristes en quête de divertissement, mais pour les taureaux, c'est un véritable cauchemar qui commence le 6 juillet. Chaque jour de la Feria, les six malheureux taureaux qui finiront massacrés sont maintenus dans des enclos sombres, sans savoir ce qui les attend. Les rues pavées, d'ordinaire accidentées et glissantes, le sont davantage quand on y ajoute la bière renversée et les déchets d'une foule surexcitée. Les taureaux, qui sont encouragés à courir toujours plus vite à coup de bâton et de journaux, trébuchent souvent. Certains tombent même, ce qui leur cause des blessures et parfois même des fractures.
À la fin de la journée, chaque taureau épuisé est mené à l'arène pour un "combat" à la mort, qui est tout sauf une confrontation équitable. Dès qu'il entre dans l'arène, le taureau est condamné. Des hommes à cheval le forcent à courir en cercle, le piquant sans relâche avec des banderilles, jusqu'à ce qu'il ait perdu tant de sang qu'il peine à se tenir debout. Lorsque sa vie ne tient plus qu'à un fil – une toute petite lueur d'espoir qui subsiste en lui, un dernier effort pour survivre – le matador s'approche et tente de sectionner sa moelle épinière à l'épée ou au poignard. Parfois, lorsqu'il vise plutôt le coeur du taureau, il rate son coup et transperce à la place ses poumons, et l'animal se noie dans son propre sang. Son corps encore chaud est ensuite traîné hors de l'arène par des chaînes, laissant une coulée de sang derrière lui. Ensuite, un autre taureau est conduit vers l'arène et le cycle infernal recommence.
Il n'y a rien de courageux à "combattre", avec l'aide d'hommes armés de pointes aiguisées et de lames, un taureau désespéré et épuisé, rien d'impressionnant à achever un animal mourant, et rien d'égayant ni de divertissant à observer la mise à mort d'un être sensible qui voulait vivre.
Aujourd'hui, les personnes qui s'obstinent à défendre cette pratique cruelle sont une toute petite minorité, faisant face à un nombre croissant de citoyens qui s'opposent de plus en plus vocalement à la tauromachie. En France, 74 % de la population française souhaite que la corrida soit interdite, selon un sondage datant de février. Et à Madrid, considéré comme le lieu de naissance de cette " tradition ", des milliers de personnes ont défilé pour appeler à la fin de ce carnage.
La majorité des Espagnols ne s'intéressent pas à la tauromachie, ainsi ce sont les touristes qui soutiennent la continuation du massacre. Chaque spectateur et participant à la Feria de San Fermín contribue à cette atrocité, donnant l'illusion que cette cruauté gratuite a encore lieu d'être dans une société civilisée qui se soucie de plus en plus de la cause animale. Ne participez pas à la course de taureaux à Pampelune ni ailleurs, et n'achetez pas de billets pour ces spectacles d'horreur que sont les corridas. Il est grand temps de donner le coup de grâce à la tauromachie.
Anissa Putois, porte-parole de PETA France