« Ce ne sera pas glorieux, mais on y croit », confie Valérie Rosso-Debord. Alors que les derniers sondages donnent encore une large avance à François Hollande au second tour de l’élection présidentielle, la députée UMP de Meurthe-et-Moselle mixe méthode Coué et conviction profonde pour motiver ses troupes dans la dernière ligne droite avant le premier tour. En ce jeudi, le programme de l’élue est chargé : visite des commerçants de l’agglomération de Nancy, son fief, puis celle des boutiques du centre-ville dans l’après-midi, avant une table ronde sur le thème de la santé organisée par Médecins du Monde. Pour clôturer la journée, une réunion publique UMP est planifiée avec les militants et responsables locaux, afin de mobiliser les forces du parti. Mais cet emploi du temps de ministre ne rebute pas cette quadra bien dans ses bottes, qui connaît une ascension exemplaire dans son parti. « Valérie est une femme de cœur, une femme d’action et de conviction », une travailleuse qui connait « parfaitement ses dossiers », salue son suppléant. Le terrain ne lui fait pas peur, avec sa gouaille et son franc-parler elle est à l’aise face à ses interlocuteurs et sait écouter les réclamations et plaintes qu’on lui adresse, aussi bien à sa permanence que dans les rues de Nancy.
Accompagnée de deux élues, Fanny Giussani, adjointe au maire en charge du territoire de Nancy-Ouest et Catherine Lebon, conseillère municipale à Nancy, V.R-D commence ses visites de l’après-midi chez deux coiffeurs. « Les coiffeurs parlent plus avec leurs clients que les vendeurs de vêtements, ce sont souvent de bons relais pour prendre le pouls de la campagne », souligne-t-elle. Accueillies avec le sourire par les commerçants, les trois élues parlent politique, tâtent le terrain, croisent les clients, et insistent sur le fait que l’essentiel pour les élections est avant tout d’aller voter. « Du moment que vous mettez le bon bulletin dans l’urne », plaisante à moitié Fanny Giussani. Après la rue de la visitation, le trio se dirige vers l’artère principale de la ville. Rendez-vous a été pris avec une représentante des commerçants du centre, un relai essentiel à la campagne de terrain. Cette dernière est pessimiste quant aux scores de Nicolas Sarkozy mais n’a pas perdu espoir. « Il y a deux mois, je vous aurais dit que c’était plié, que c’était François Hollande qui passait. Aujourd’hui, je ne serais pas aussi sûre », confie-t-elle à V.R-D. Selon la commerçante, le vrai « élément déclencheur » de cette remontée du président sortant dans l’opinion, ce sont les « événements de Toulouse ». « Avant les gens n’osaient plus dire qu’ils allaient voter Nicolas Sarkozy », estime-t-elle, avant que Catherine Lebon analyse : « l’anti-sarkozysme a été évacué ». Désormais, sur la campagne, « celui qui va gagner c’est celui qui saura rassurer les Français », lance la commerçante. « Ce que je ressens, c’est que ce qui préoccupe les Français, ce ne sont pas les questions de fond mais bien de savoir quel est l’homme qui en cas de pépin aura la poigne suffisante ».
Un discours qui conforte Valérie Rosso-Debord dans sa propre analyse de la situation. « Les choses ont été très progressives. Nous sommes passés d’une situation où les gens prédisaient que Nicolas Sarkozy ne passerait même pas le premier tour à un jeu aujourd’hui gagnant pour l’UMP », explique-t-elle. « Les gens cherchent le candidat qui pourra le mieux les protéger et pas celui avec qui ils iraient boire un verre », ironise-t-elle, reprenant cette thématique du candidat protecteur et rempart à la crise chère à Nicolas Sarkozy. Ainsi, selon la députée, les Français sont enfin entrés dans « le temps présidentiel » et vont choisir « le candidat qui fera que la France ne devienne pas la Grèce, l’Espagne, le Portugal ». La commerçante acquiesce et salue les élues UMP par un « ne lâchez rien » sur le pas de sa porte.
Jean-Michel Berlemont, adjoint au maire de Nancy, rejoint le trio alors qu’elles se dirigent vers une quatrième boutique. Interrogé sur l’évolution de la campagne, il est réaliste. « Il y avait en effet au début un rejet presque physique de Nicolas Sarkozy. Mais il est entré en campagne, et qu’on l’aime ou non, il est quand même une bête politique », analyse-t-il. Tous sont d’accord pour observer une inversion de la tendance sur les marchés et lors des tractages : « après Toulouse, les gens ont recommencé à prendre les tracts qu’on distribuait », confie Fanny Giussani. Désormais, pour les militants et élus, l’objectif est clair : arriver en tête au premier tour. A Mme Giussani qui juge que Nicolas Sarkozy « part de loin pour le second tour », Valérie Rosso-Debord rétorque ainsi que « le second tour n’a aucune importance. Pour l’instant, ce qu’il faut c’est être en tête du premier tour, créer une dynamique ». Pour Jean-Michel Berlemont, la majorité silencieuse à laquelle le chef de l’Etat sortant fait si souvent appel pourrait « réserver bien des surprises au moment des élections ». « On ne sait pas ce qui peut se passer dans le secret de l’isoloir », argumente-t-il. Quant au scénario du troisième homme de la campagne qui s’avèrerait le plus stratégiquement payant, difficile d’obtenir des confidences. « Le choix de la raison serait François Bayrou », glisse tout de même M. Berlemont. « Si c’était Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen qui arrivent en deuxième place, cela montrerait qu’une partie des Français sont prêts à une aventure hors de toute raison », commente-t-il, avant d’ajouter : « en termes de tactique électorale, il y a des pour et des contre dans chaque situation ». Pour Valérie Rosso-Debord, toute campagne réserve ses surprises. « Cela a été Jean-Marie Le Pen en 2002, François Bayrou en 2007 et c’est Jean-Luc Mélenchon cette année ». La députée UMP évoque d’ailleurs le leader du Front de Gauche avec des termes quasiment élogieux, reconnaissant qu’il a « pour lui d’avoir fait une campagne dynamique » et qu’il a « une parole forte ». « Si je suis en total désaccord avec ce qu’il dit, au moins il dit des choses, pas comme Hollande qui ne dit rien », tacle-t-elle avec le mordant qui la caractérise. Et Mélenchon troisième homme ? « Au moins il fera peur aux électeurs de Bayrou », souffle la députée, avant de reprendre sa route. « Nous avons encore le temps de rencontrer quelques commerçants avant la réunion de ce soir ». Et quelques jours encore pour convaincre les électeurs.
Jean-Michel Berlemont
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