Difficile de trouver la crème solaire parfaite, et c'est pourtant primordial pour protéger sa peau et encore plus celle des petits. S'exposer sans protection au soleil reste en effet un fort facteur à risque pour développer un cancer de la peau et les plus jeunes y sont encore plus sensibles.
Le magazine UFC-Que choisir a testé 20 crèmes solaires pour s'assurer de leur efficacité. Résultat, toutes les crèmes estampillées "bio" se retrouvent en queue du classement. Aucune d'entre elles ne protège suffisamment des UVA et le fait que leur composition soit exempte de perturbateurs endocriniens n'y change rien: ces crèmes solaires sont à déconseiller.
Une réponse surprenante pour les parents qui se voyaient déjà tartiner leurs enfants d'un produit bio qu'ils imaginaient idéal pour leur peau (sans parler de préserver les coraux et les poissons).
Alors, les résultats d'UFC-Que choisir sont-ils limités aux quatre crèmes bio qu'ils ont choisies (Alphanova, Bioregena, Eco Cosmetics et Acorelle) ? Ou est-ce un constat généralisé pour l'industrie des crèmes solaires biologiques?
Pour Céline Couteau, cosmétologue à l'université de Nantes qui décortique les compositions sur son blog, Regard sur les Cosmétiques, aucune crème biologique ne tient la route face à ses concurrents conventionnels.
La chercheuse indépendante alerte sur l'inefficacité de ces dernières depuis plusieurs années aux côtés de sa collègue Laurence Coiffard. Celles-ci mènent des tests "in vitro" (une méthode qu'elles estiment être beaucoup plus fiable et sûre que les tests "in vivo" pratiqués par les marques) et arrivent à une cinquantaine de produits décortiqués. Leurs constats rejoignent ceux d'UFC-Que choisir et la réponse scientifique est plutôt simple.
"Il existe 27 filtre solaires autorisés et uniquement deux dits 'minéraux' qui peuvent être utilisés en bio", explique Céline Couteau au HuffPost. "Les marques bio ont donc le choix entre du 'titanium dioxide' ou le 'zinc oxide', qu'elles peuvent combiner", continue-t-elle. "Mais de leur côté, les crèmes solaires conventionnelles peuvent utiliser tous les filtres en les additionnant : on en retrouve souvent 5, 6 ou 7 dans le même produit", détaille la chercheuse.
Résultat : les crèmes "non bio", en multipliant les filtres utilisés, proposent une meilleure protection au soleil. De leur côté, les bios ne peuvent pas faire de miracle, selon Céline Couteau.
"Aucun filtre n'a de super pouvoir. Pour obtenir un vrai 'indice 50' sur un flacon de crème solaire, il faut additionner plusieurs filtres et ne pas se contenter des deux autorisés en bio", martèle la spécialiste, qui dit se "battre" depuis plusieurs années pour que ces informations soient entendues par le public.
Elle dénonce aussi l'utilisation dans les produits bios d'anti-inflammatoires végétaux, qui selon elle ne protègent pas suffisamment les cellules de notre peau.
Ce constat, les deux chercheuses tentent de le faire reconnaître depuis 2012, sans éviter la controverse: l'association Cosmed qui représente la filière cosmétique a notamment répondu dans un communiqué cinglant en critiquant leurs méthodes d'analyses.
Pour autant, Céline Couteau et Laurence Coiffard ne jettent pas que des fleurs aux produits conventionnels. Leurs analyses, publiées régulièrement sur leur blog, n'épargnent aucun fabricant. Il arrive bien souvent que le déficit d'efficacité se retrouve aussi bien chez un acteur du secteur conventionnel qu'elles n'hésiteront pas à attaquer.