Dans le Missouri, État du Midwest conservateur qui a majoritairement voté en faveur de Donald Trump aux dernières élections présidentielles, les droits des femmes n'ont jamais été aussi menacés. Comme dans le roman dystopique de Margaret Atwood, La Servante écarlate, les sénateurs de l'État projettent de punir les femmes cherchant à contrôler leur sexualité et leurs droits reproductifs.
Portée par le gouverneur républicain Eric Greitens, cette proposition de loi bientôt soumise à la chambre des représentants permettrait, si elle est adoptée, aux employeurs de renvoyer une femme si il apprend que celle-ci utilise une pilule contraceptive, qu'elle a subi une interruption volontaire de grossesse ou qu'elle a eu un enfant hors-mariage. Même chose pour les propriétaires, qui désormais seront autorisés à expulser les locataires ne répondant pas aux moeurs édictées par cet État "pro-life".
Scandaleuses et liberticides, ces dispositions sont un coup de plus porté aux droits des femmes dans un pays désormais gouverné par Donald Trump. Nommé gouverneur du Missouri en janvier dernier, Eric Greitens n'a jamais caché ses idées pro-life et apparaît comme le principal instigateur du projet de loi.
Si ce dernier a proposé ces dispositions, c'est avant tout pour s'opposer ouvertement à la réforme du projet global de renouvellement des dispositions générales de l'État, c'est-à-dire l'ensemble des règles de fonctionnement imposées à toutes les villes de l'État. Dans le projet de loi initial, en effet, une directive prévoyait justement d'interdire toute forme de discrimination envers les femmes sur les marchés de l'emploi et de l'immobilier en fonction de leurs choix de contraception ou de leur(s) avortement(s) passé(s).
Une directive qui n'a pas plu à Eric Greitens. Soucieux de séduire l'électorat républicain, farouchement opposé à l'IVG, le gouverneur du Missouri avait même dans une première version de la loi proposé que St. Louis soit considérée comme une "ville sanctuaire de l'avortement".
Fort heureusement, souligne Rolling Stone, il est fort probable que la loi proposée par Eric Greitens reste au stade de projet. Le site du magazine cite ainsi Peter Merideth, un élu démocrate du Missouri qui estime que la loi sera probablement bloquée "entre le Sénat et l'Assemblée" et finira par "mourir d'elle-même".