Voici une recherche qui va faire plaisir aux accros de séries – enfin surtout à celles et ceux qui affectionnent les programmes de qualité (on ne vous juge pas si vous préférez Pretty Little Liars, promis). Selon une récente étude parue dans la revue Psychology of Aesthetics, Creativity, and the Arts, regarder de bonnes séries dramatiques permettrait d'accroitre son intelligence émotionnelle ainsi que son empathie. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs américains ont mené deux expérimentations.
Dans la première, ils ont demandé à 100 personnes de regarder au choix un programme de fiction (Mad Men ou A la Maison-Blanche) ou un programme de non-fiction (How the Universe Work ou Shark Week : Jaws Strikes Back). Les cobayes ont ensuite été invités à participer à un test généralement utilisé pour mesurer l'intelligence émotionnelle. Ils ont ainsi analysé 36 paires d'yeux puis ont jugé l'émotion qui transparaissait selon eux de chaque regard. Résultat : ceux qui ont suivi les aventures de Don Draper et du président Josiah Bartlet ont eu de meilleurs résultats au test que les autres.
Le deuxième test était quasiment identique au premier. Cette fois-ci, les participants ont été divisés en trois groupes. Les premiers se sont plongés dans un programme de fiction (Lost ou The Good Wife), les deuxièmes ont regardé des programmes scientifiques (Nova ou Voyage dans l'espace-temps), tandis que le dernier groupe de personnes n'a rien regardé du tout (les malchanceux du lot, donc). Cette fois encore, ce sont les participants ayant suivi des séries TV qui ont eu les meilleurs résultats.
Selon les chercheurs à l'origine de l'étude, c'est la complexité des personnages et des intrigues qui aident à développer notre intelligence émotionnelle et notre empathie. En regardant une série ultra bien ficelée, avec des personnages à la psychologie travaillée comme Mad Men, on est confronté aux multiples perspectives que nous offre le programme. Et parce que certains personnages – Don Draper étant probablement l'exemple parfait – ne montrent pas explicitement leurs émotions, c'est le téléspectateur qui doit combler lui-même les trous et deviner ce qui se passe dans la tête du bonhomme.
Ces recherches sont tout droit inspirées d'une précédente étude datant de 2013. A l'époque, des chercheurs avaient ainsi révélé que lire des romans de fiction primés (et donc normalement de qualité) aidait à accroitre ses performances lors de tests sur les sciences cognitives. Néanmoins, cette recherche a été décriée car les participants qui n'avaient pas été désignés pour lire de la fiction s'étaient retrouvés avec des articles scientifiques, dont un notamment intitulé "Comment la pomme de terre a-t-elle changé le monde ?" Il n'est donc pas très étonnant que ces derniers aient eu du mal à déchiffrer les émotions humaines après plusieurs heures passées à étudier un tubercule, quand d'autres venaient de refermer un roman truffé de personnages et d'intrigues compliquées.
En comparant des séries réputées pour leurs trames dramatiques à des documentaires et reportages scientifiques, cette nouvelle étude a donc de grandes chances d'être à son tour critiquée. Mais parce qu'il ne faut pas voir le verre d'eau à moitié vide, on retiendra surtout que passer nos dimanches en pyjama pilou à se pâmer devant Don Draper et Jack Shepard a totalement façonné la femme géniale, émotionnellement intelligente et empathique que l'on est aujourd'hui.