Le décret a fait un tollé. Alors que la Tunisie a entamé le déconfinement de la population ce lundi 4 mai, après six semaines de confinement, certaines parties du plan d'action ne passent pas. Celles réservées aux femmes, notamment. Car si beaucoup d'activités non-essentielles peuvent reprendre à 50 % des effectifs dès cette semaine, le gouvernement demande cependant aux retraité·e·s de plus de 65 ans, aux personnes atteintes de maladies chroniques, aux femmes enceintes et aux "mères dont l'âge des enfants ne dépasse pas 15 ans", de rester confiné·e·s. Qu'en est-il des enfants eux-mêmes ? Le texte ne le dit pas.
Pour les associations de défense des droits des femmes, il s'agit d'une discrimination flagrante, qui trahit un sexisme ambiant. "Cette exception outrageante traduit la vision machiste et patriarcale des rôles et des attributs sociaux de sexe qui fait porter aux seules femmes la responsabilité des enfants", ont-elles déploré dimanche 3 mai dans un communiqué commun. Elle rappelle d'ailleurs que l'égalité était inscrite dans la Constitution tunisienne adoptée en 2014, après le printemps arabe, précise l'AFP. "Au-delà des droits des femmes, le gouvernement devrait savoir qu'il y a des pères qui veulent s'occuper de leurs enfants et d'autres qui devraient le faire", lance à son tour Bochra Bel Haj Hmida, ancienne députée et ex-présidente de la Commission pour les libertés individuelles et l'égalité.
Face aux critiques, la présidence tunisienne a réagi en mentionnant une "erreur dans la rédaction finale du texte", et annoncé son amendement, ainsi qu'une nouvelle publication au Journal Officiel dans les prochains jours.
En Tunisie, le déconfinement a été découpé en trois étapes distinctes, pour viser une remise en route totale du pays au 14 juin : du 4 au 24 mai, du 24 mai au 4 juin et enfin, du 4 au 14 juin, avec une interdiction de rassemblements jusqu'à la phase deux. Protection, prévention et anticipation sont les maîtres mots de l'opération, explique Jeune Afrique. Et son succès repose sur les Tunisien·ne·s, à en croire le gouvernement local. "70 % de la réussite du processus dépend de cette implication individuelle et collective", martelait Lobna Jeribi, ministre des Grands projets, lors d'une conférence de presse tenue mercredi 29 avril. "On a gagné la première mi-temps, on doit désormais remporter le match", renchérissait Abdellatif El Mekki, ministre de la Santé, qui alerte toutefois sur la possibilité d'un retour de la pandémie.
Sur place, au 5 mai, on compte 1018 cas confirmés et 43 décès. D'après le ministre de la Santé, ce chiffre raisonnablement bas est dû à efficacité des équipes soignantes et la réactivité du gouvernement, conclut Jeune Afrique, qui a fermé les frontières dès le 18 mars.