Terrafemina : Avec « Demain j’arrête ! », vous êtes passé directement du thriller à la comédie. Comment s’est fait le changement ? Était-ce un besoin de votre part de changer radicalement de registre ?
Gilles Legardinier : Après Nous étions les hommes, mon thriller paru en 2011, tous mes copains m’ont dit : « Il est vraiment super ton roman, mais pourquoi tu n’écris pas un truc aussi déjanté que ce que tu es dans la vraie vie ? » Je n’ai même pas changé d’amis, c’est vous dire si j’ai bon cœur ! J’ai donc osé écrire une comédie. Ça m’a rendu heureux, ça m’a fait rire, ça m’a permis de parler de choses qui me touchent comme je n’avais jamais pu le faire ! J’ai passé un moment d’écriture extraordinaire, mais je n’étais pas certain de ce que le résultat valait. Ce sont les libraires et le public qui m’ont porté, et c’est à eux que je dois cette belle histoire qui se poursuit d’ailleurs avec « Complètement cramé ! ».
J’ai du mal à raisonner en termes de registres. Je vais encore écrire des comédies, de nouveaux thrillers, et même m’aventurer ailleurs. Je crois que mon métier est d’imaginer sincèrement, dans tous les genres qui correspondent à ce que je suis. Ensuite, les gens feront de moi ce qu’ils veulent. Il n’y a pour moi aucun changement de registre. C’est le même mec qui écrit des histoires qui font partie de lui. On ne s’habille pas tous les jours pareil, je ne vois pas pourquoi un auteur devrait toujours écrire les mêmes choses. Je me méfie beaucoup de ceux qui n’ont que des recettes, pour ma part, j’espère avoir un univers. C’est vous qui me direz si j’ai raison !
G.L. : On n’anticipe jamais rien, surtout à ce niveau-là. Je ne suis qu’une proposition. Les gens ont leur vie, leurs soucis, leurs goûts, et pour moi, l’idée qu’ils me fassent l’honneur de me faire une petite place de quelques heures dans leur quotidien relève du pur miracle. Ce qui m’arrive, je n’aurais même pas osé en rêver. Je n’ai pas non plus la prétention de l’expliquer. Ce qui me touche le plus, ce sont les réactions des lectrices et des lecteurs, leur chaleur, leur proximité. J’ai souvent l’impression d’avoir un lien avec eux. Je suis bouleversé lorsqu’ils se sentent aussi bien que moi dans mes histoires. Sur quelques centaines de pages, on habite ensemble. J’ai beaucoup de chance parce que j’aime les gens pour qui j’écris. C’est loin d’être le cas de tous les auteurs. Je me sens proche d’eux et chaque fois que les rencontre, non seulement on rigole bien, mais il y a aussi quelque chose de profondément humain qui se dégage. Pour moi, le monde est plus beau depuis que j’ai rencontré mes lecteurs.
G.L. : De ma modeste place, je ne raisonne pas en termes de marché ou d’opportunité qui répondrait à une hypothétique demande due à une conjoncture. Les gens cherchent ce dont ils ont besoin, dans les arts comme dans tous les secteurs de la vie. On choisit sa voiture, son intérieur, ses amis... Ils veulent ce qui leur correspond. On fait tous ça. Personne ne s’oblige à manger ou à ressentir ce qu’il déteste ! Je suis heureux que les lecteurs me disent que mes livres leur font du bien. L’idée me plaît. J’ai toujours souhaité être utile positivement, même modestement. Je ne suis pas capable de juger ce que je fais, mais j’apprécie le retour que m’en font les gens.
G.L. : Dès le départ, parce qu’à mon sens les sentiments sont la seule chose qui vaille dans cette vie, je souhaitais raconter une histoire d’amour décalée. J’ai d’abord envisagé de l’aborder selon mon point de vue d’homme, mais le fait est que les romances vues par les mecs sont beaucoup plus rapides ! Le livre aurait fait 12 pages et ils auraient fini au lit à la page 6 ! Il n’y a que les femmes pour en faire autant, pour donner autant, pour douter autant. Je ne connais pas de créature plus puissante et plus décidée qu’une femme amoureuse. Alors il devenait logique que l’une d’elles devienne l’héroïne de mon histoire. Beaucoup de lectrices m’ont confié qu’elles étaient stupéfaites qu’un homme puisse aussi bien écrire ce qu’elles ressentent. C’est pourtant le travail d’un auteur de se glisser dans la peau de personnages qu’il n’est pas. Mes potes qui écrivent des histoires de tueurs en série n’en sont pas tous ! Et pour ce qui est de comprendre les femmes, il suffit de vous observer. C’est un bonheur, un plaisir, et chaque homme rêve d’être l’objet de vos attentions, de vos folies et de vos envies. Il suffit de vous écouter, de vous aimer, et on a assez de matière pour écrire tous les livres du monde !
G.L. : C’est parce que j’ai fait beaucoup de choses stupides dans ma vie et le plus souvent pour des gens que j’aime, que j’ai eu l’idée de ce pitch. Il m’en reste encore beaucoup à faire et il est trop tôt pour savoir lequel est le pire. Reposez-moi la question dans quarante ans !
G.L. : Une des agences qui travaillait sur la couverture de mon livre avait proposé de mettre un bonnet à l’héroïne. Je trouvais leur idée réductrice, mais elle m’a fait rebondir sur l’idée du chat avec le bonnet. Cela trouvait du sens par rapport au livre et j’étais certain qu’ainsi, ma couverture se ferait remarquer. La suite ne m’a pas donné tort. Personne ne connaissait mon nom, mais tout le monde a réagi à ce chat avec une tronche pas possible. Il m’a porté bonheur ! Depuis, c’est devenu ma marque de fabrique. C’est un pur plaisir d’imaginer pire à chaque fois !
Demain, j'arrête !, de Gilles Legardinier
Editions Pocket, 408 p., 7,60 €
Et vous, quel est le truc le plus idiot que vous ayez fait de votre vie ? Au début, c'est à cause de son nom rigolo que Julie s'est intéressée à son nouveau voisin. Mais très vite, il y a eu tout le reste : son charme, son regard, et tout ce qu'il semble cacher... Parce qu'elle veut tout savoir de Ric, Julie va prendre des risques de plus en plus délirants...
Lauréat de la Plume d'or de Plume Libre