"La dépression post-partum fait trop souvent encore l'objet d'un tabou", déplore Dre Fanny Jacq, psychiatre de la périnatalité. "Pourtant, déceler et accepter ces fragilités, souvent passagères, doit être une force. Il faut apprendre aux parents à ne pas négliger les premiers symptômes et à ne pas culpabiliser d'en parler et de chercher de l'aide".
A travers ces mots, celle qui est aussi directrice de la santé mentale chez Qare s'adresse non pas uniquement aux femmes (plus à risque lors de grossesse avant 30 ans, ou au moment de l'arrivée de leur premier bébé), mais aussi aux hommes. Car d'après le sondage réalisé par Opinion Way pour l'application de téléconsultation médicale, 30 % des mères et 18 % des pères confient avoir rencontré les difficultés psychologiques associées à cet état encore trop peu abordé. Un lourd bilan dont la publication coïncide avec le jour du pic de naissances, identifié au 23 septembre.
"Pourtant, la dépression post-partum paternelle est encore très peu connue et reconnue : 40 % des mères et 42 % des pères pensent que ce sujet ne touche que les jeunes mamans", note l'étude. Et d'épingler : "Plus de la moitié des parents estiment ne pas avoir été suffisamment préparés en amont sur le volet mental du post-partum".
Ajouter à cela une culpabilisation permanente par la société, évoquée par Dre Jacq, que 90 % des mères et 75 % des pères interrogé·e·s admettent vivre, et le mal-être peut sembler inévitable.
5 %, c'est le nombre de mères souffrant de symptômes de dépression post-partum à avoir été diagnostiquées. 10 %, la proportion de celles qui ont osé parler à un·e psy, révèle encore le rapport. Un constat que Dre Fanny Jacq estime révélateur.
"Il est difficile pour une jeune maman d'admettre qu'elle se sent déprimée, isolée, suite à son accouchement", concède l'experte. "Mais elle a également peu d'endroits de confiance où aborder le sujet. Aucun échange pré et post-accouchement n'est prévu avec un spécialiste de la santé mentale pour parler de santé mentale et post-partum."
Selon elle, la solution réside d'abord dans la libération de la parole, mais aussi et surtout de l'écoute grâce à la mise en place d'un accompagnement psychologique et de formations efficaces et adaptés. "Il ne faut pas laisser les jeunes parents surfer sur internet dans l'espoir d'y trouver une réponse juste, car ils peuvent aussi tomber sur des articles culpabilisants, erronés, ou alarmistes", prévient la psychiatre.
"Il faut aujourd'hui une prise en charge plus régulière, plus longue, à la fois pour les mamans et pour les papas. Ils doivent pouvoir aborder sereinement leur rôle de parents et connaître les ressources d'aide qui existent." Entraîner les sages-femmes, les médecins généralistes, les gynécologues... Et enfin permettre aux jeunes parents, de le (re)devenir dans les meilleures conditions.