On ne naît pas féministe, on le devient. C'est ce léger détournement de la célèbre maxime de Simone de Beauvoir qui semble convenir à une figure politique discrète mais familière : Isabelle Rome. L'ex-ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Egalité des chances, qui n'est plus à son poste devient janvier dernier, est revenue dans les pages de Libé sur son engagement... Qui a pris du temps.
Ou en tout cas, du temps à être assumé comme tel ! Nommée le 20 mai 2022 au sein du gouvernement Borne, succédant à à Elisabeth Moreno, l'ancienne haute-fonctionnaire et magistrate a témoigné de l'évolution de sa militance sans langue de bois. On la lit : "Je ne suis pas féministe à la base. C'est quelque chose qui s'est forgé au fil de mes expériences. Je suis avant tout défenseuse des droits humains...."
"Je suis devenue féministe vers 40 ans, j'ai monté à ce moment là une association sur la liberté d'expression des femmes. Tout cela s'est donc fait, on pourrait dire, de façon instinctive !"
Mais comment au juste devient-on féministe ?
Dans cette interview, Isabelle Rome revient sur son éveil à la cause féministe : "J'ai commencé comme juge d'application des peines dans les prisons. Après j'ai travaillé sur la réinsertion, sur les personnes qui ont des problèmes psychiatriques, comment leur laisser leur dignité. Quand j'ai présidé les Assises et que j'ai vu jusqu'où pouvait aller ces violences faites aux femmes..."
Effectivement, Isabelle Rome devient juge dès 1987, à 23 ans, alternant plusieurs fonctions dans la profession : juge de l'application des peines au sein la ville de Lyon, cheffe du bureau de la prévention de la délinquance, présidente de cours d'assises à Versailles, vice-présidente chargée de l'instruction à Amiens...
De sa prise de conscience à sa nomination au gouvernement, des années se sont écoulées. Mais depuis son départ, Isabelle Rome ne compte pas lâcher ses convictions. "Mon nouveau combat est celui contre le cyberharcèlement, internet est un endroit où les violences sexistes et sexuelles sont extrêmement répandues", détaille-t-elle. "Il faut rappeler que les violences en ligne sont réelles, l'humiliation, le dénigrement y sont tout aussi destructeurs. Je suis ambassadrice d'une ONG qui s'appelle Respect Zone qui fait de la prévention. Nous voulons accompagner les victimes".
"On ne naît pas féministe, on le devient", c'est aussi l'assertion proclamée par un documentaire éponyme sur le sujet. Sa réalisatrice Ludivine Tomasi y revient sur la relation en France entre éducation et égalité des sexes, éveil et jeunes générations... Est-ce que les féministes de demain le deviennent plus tôt qu'avant ? C'est possible, décrypte la documentariste à Télérama ...
"Je pense qu'aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, les élèves sont beaucoup plus confrontés à la question du féminisme et en ont davantage conscience. Le féminisme fait partie des thèmes – au même titre que l'écologie – pour lesquels la société civile se mobilise. Les élèves en entendent parler plus facilement par le biais de leur fil d'actualité Instagram"