Société
Ebola: pourquoi l’épidémie est bien pire qu'on ne l'imagine ?
Publié le 16 août 2014 à 16:05
Par Romain Pomian-Bonnemaison
Tel un feu de forêt impossible à maîtriser, l’épidémie d’Ebola consume depuis plusieurs semaines l’Afrique de l’Ouest. Près de 2000 cas de personnes ont été recensés avec une mortalité supérieure à 1000 individus. C’est plus de trois fois le nombre de morts recensés jusqu’ici pour ce virus depuis sa découverte dans les années 1970. Mais des systèmes de santé défaillants, la fragilité des économies touchées, ou encore les problèmes d’approvisionnement en nourriture dans les zones touchées semblent contribuer à empirer la situation sur place.
Ebola: pourquoi l’épidémie est bien pire qu'on ne l'imagine ? Ebola: pourquoi l’épidémie est bien pire qu'on ne l'imagine ?© Abbas Dulleh/AP/SIPA
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Avant même que l’épidémie d’Ebola ne commence, les trois pays les plus touchés étaient tous caractérisés par des systèmes de santé vacillants voire défaillants. Comme le rapporte le site américain Vox, ces pays investissaient ainsi moins de 100$ par an pour la santé de ses habitants et ont également les pires taux de mortalité infantile de la planète. Du coup, l’épidémie d’Ebola ajoute un poids supplémentaire à ces infrastructures déjà fragiles - plusieurs hôpitaux et cliniques auraient déjà fermé leurs portes depuis le début de l’épidémie, et plusieurs experts ont déjà averti que davantage pourraient fermer d'ici les mois prochains.

Ebola fait s’effondrer les infrastructures médicales existantes

Ce que confirme le Dr. Jimmy Whitworth cité par le journal britannique The Independent: « Avec Ebola, c’est l’ensemble du système de santé général qui s’effondre. Les gens ne vont plus dans les hôpitaux et les cliniques car ils ont peur d’y attraper le virus. Le personnel médical ou infirmier se fait également rare. Certains établissement sont entièrement occupés de patients atteints d’Ebola, du coup, les personnes atteintes d’autres infections n’y mettent pas les pieds ». Conséquence collatérale: d’autres épidémies, comme la malaria, pourraient se surajouter à celle de l’Ebola, et provoquer encore plus de décès.

Le fait que les gens s’éloignent des circuits de santé traditionnels conduit également à la propagation de mauvaises informations sur la maladie et son éventuel traitement. Par exemple, selon le site Rise Network, début août, une rumeur selon laquelle l’Ebola se soignerait avec de l’eau chaude et du sel s’est rapidement répandue. D’autres rumeurs selon lesquelles le virus pouvait être éradiqué avec des traitements homéopathiques, des prières, ou encore du chocolat chaud, ont pris des proportions démesurées. Des discours qui trouvent écho chez certains dirigeants, prompts à prétendre que la maladie serait une « punition » divine. Cela a conduit l’Organisation Mondiale de la Santé à diffuser des messages de ce type:

Il n'existe aucune preuve selon laquelle #lhomeopathie peut soigner #Ebola. Les patients très malades ont besoin de soins très intensifs

Ebola provoque également des famines, et déstabilise les économies

Du fait de la peur engendrée par le virus, plusieurs pays comme la Guinée, le Libéria, et le Sierra Leone, ont mis en place des zones de quarantaine. Dans ces endroits, lorsqu’un fermier meurt de la maladie, ses récoltes pourrissent dans les champs. Les livreurs de denrées, effrayés par l’épidémie, les évitent. Conséquence: comme le rapporte Reuters, la famine commence à frapper durement certaines portions du territoire de ces Etats, et ailleurs, les prix subissent une forte inflation. Le Programme Alimentaire Mondial de l’ONU a passé ces Etats au plus haut niveau d’alerte, signifiant une famine généralisée imminente - et tente d’introduire de la nourriture dans les zones sous quarantaine.

Plus largement les conséquences économiques sont d’ores et déjà catastrophiques. Les habitants de ces pays avaient déjà peur de se rendre chez le médecin de peur d’attraper Ebola. Les médecins et les infirmières sont nombreux également à quitter leur poste de peur de contracter la maladie. Plusieurs pays - dont les États-Unis - ont d’ores et déjà recommandé que leurs citoyens quittent le territoire - parmi eux de nombreux travailleurs. Et bien que l’OMS se soit prononcé contre de telles mesures, plusieurs compagnies aériennes ne proposent plus de destinations dans les pays touchés par la maladie. L’OMS rappelle que le voyage aérien ne représente qu’un faible risque pour la transmission du virus, puisque celui-ci ne se transmet que par contact direct avec des muqueuses de personnes infectées.

Les prévisions de croissance s'effondrent en Guinée et au Liberia

Du coup, le tourisme en prend un coup, les biens ne circulent plus librement, et la mise en quarantaine de territoires entiers mine le tissu économique et industriel local. Selon The Economist, un pays comme le Liberia, dont les experts de la Banque Mondiale s’accordaient sur un taux de croissance de 5,9% cette année pourrait avoir une croissance nulle, voire entrer en récession. En Guinée, les estimations de croissance ont également été abaissées d’un point. Après la crise sanitaire, il devrait également y avoir, donc, une lourde crise économique.

Non, tous les voyages aériens, même depuis les pays affectés par #Ebola, représentent un risque faible pour pour la transmission du virus.

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