Mais oui mais oui, l'école (à la maison) est finie. Du moins, c'est l'une des annonces faites par Emmanuel Macron vendredi 2 octobre lors de son discours sur les séparatismes aux Mureaux, dans les Yvelines.
"C'est une nécessité. J'ai pris une décision, sans doute l'une des plus radicales depuis les lois de 1882 et celles assurant la mixité scolaire entre garçons et filles en 1969", a annoncé le président de la République, précisant que désormais, l'enseignement à domicile sera limité à des "impératifs de santé".
Mais qui sont les familles concernées par cette mesure loin de faire l'unanimité ?
Pour rappel, selon la loi, "l'instruction est obligatoire pour tous les enfants, français et étrangers, à partir de 3 ans et jusqu'à l'âge de 16 ans révolus. Les parents peuvent choisir de scolariser leur enfant dans un établissement scolaire (public ou privé) ou bien d'assurer eux-mêmes cette instruction. L'instruction dans la famille, parfois appelée école à la maison, doit permettre à l'enfant d'acquérir des connaissances et des compétences déterminées. L'instruction donnée et les progrès de l'enfant sont contrôlés."
Les dernières données chiffrées datent de 2016 et faisaient état de 0,3% des 8,1 millions d'enfants soumis à l'obligation scolaire. Ce qui correspond à un peu moins de 25 000 élèves.
Les enfants concernés ont majoritairement entre 11 et 16 ans (65,7%) sont en grande partie inscrits au Cned, le Centre national d'enseignement à distance (60,5%).
Le nombre d'enfants recevant un enseignement à domicile "augmente chaque année", a précisé Emmanuel Macron, qui a de son côté avancé le chiffre de "50 000 élèves en instruction à domicile à la rentrée 2020, contre 41 000 en 2019 et 35 000 en 2018."
Parmi ces élèves, environ la moitié, "plus de 25 000 sont malades". Ceux-ci pourront donc continuer à suivre les cours à la maison.
Voici donc déjà qui sont les familles principalement concernées par l'IEF : il s'agit des parents d'un ou de plusieurs enfants malades.
Pour les autres, les motivations des parents choisissant de ne pas emmener leurs enfants à l'école sont pour le reste assez diverses. Comme le souligne Loïsa, mère de trois enfants habitant à Issy-les-Moulineaux, contactée par Europe1, "la plupart des familles font ce choix pour toutes autres raisons que religieuses : pédagogiques, éducatives..."
Mais l'une des motivations principales semble résider dans la possibilité de délivrer un enseignement à la carte à son enfant, ou d'adopter des pédagogies alternatives. C'est-à-dire, par exemple, aller à son rythme, passer plus de temps sur les matières dans lesquelles il rencontre des difficultés, aller plus vite sur d'autres. "À l'école, il faudrait que tous les enfants sachent réaliser une compétence à un moment donné dans un lieu donné. Ce qui est du délire pédagogique", reconnaît ainsi la psychopédagogue Brigitte Prot, interviewée par Magic Maman.
"Aujourd'hui Monsieur le président, j'offre à mes enfants, la possibilité de suivre à leur rythme les programmes de l'Éducation nationale que nous respectons et parce que c'est NOTRE choix (...) Aujourd'hui, je peux changer de méthode et leur montrer, une fois, dix fois, mille fois, comment poser une opération. Je peux manipuler avec eux une minute, dix minutes ou même une heure des formes géométriques pour qu'ils puissent comprendre et apprendre. Ils peuvent essayer d'écrire avec des outils scripteurs adaptés, en prenant le temps, dont ils ont besoin et non le temps scolaire qui s'impose à tous", écrit aussi en ce sens sur Le HuffPost Céline Schwarz, maman pratique l'enseignement à la maison.
D'autres parents font ce choix évident lorsqu'ils vivent à l'étranger ou doivent souvent voyager, et donc changer leurs enfants d'école. C'est le cas de Clara, maman de deux enfants, également contactée par Magic Maman. Celle-ci vit entre les États-Unis, le Brésil et la France. S'est alors posée la question de l'inscription à l'école. Mais, "entre les États-Unis et le Brésil, il y a six mois de différence ! Tout ça était bien compliqué. C'est alors que j'ai retrouvé une amie comédienne, maman d'un petit garçon de 4 ans. Elle m'a simplement dit : nous, on ne va pas à l'école (...) Un autre monde s'est ouvert".
L'école à la maison concerne aussi ces enfants dont on dit qu'ils ne rentrent pas "dans le moule". Nathan*, 14, ans, raconte auprès de Libération pourquoi il a quitté l'école il y a huit ans : il "s'ennuyait et ne se sentait pas à sa place". Aujourd'hui, il fabrique par exemple une imprimante 3D, "une activité qui lui permet de travailler les maths, faire du codage informatique et donc d'aborder plusieurs matières pour arriver à ses fins", souligne Julie, sa mère.