"Il est temps que la sexualité ne soit plus uniquement centrée sur les désirs masculins", s'insurgent Les Frangines. La nouvelle plateforme digitale mise en place cette semaine par l'association féministe Osez Le Féminisme ! vise à abolir les mythes et les rôles de genre qui perdurent autour de la sexualité féminine, pour que les adolescentes s'épanouissent davantage et reprennent, aussi, le contrôle de leur corps. "Grandir en ayant honte de son corps, de ses désirs, de sa sexualité, c'est apprendre à se taire, à se dire qu'on ne vaut pas la peine", estime l'organisation. "C'est un levier de particulièrement puissant de soumission."
Les Frangines offrent donc un outil d'éducation à la vie affective et sexuelle à destination des filles à partir de 13 ans, créé par des jeunes femmes qui souhaitent "transmettre leurs réflexions féministes" sur ce sujet encore trop peu abordé dans l'espace public - et pourtant au coeur des fléaux sexistes.
Le collectif à l'origine du projet le rappelle : "Nous savons aujourd'hui que l'âge moyen de premier visionnage d'un film pornographique est de 11 ans. Très peu d'initiatives permettent de remettre à l'endroit cette conception de la sexualité, qui perpétue la domination masculine et les violences sexuelles." Car si la pornographie - quand elle ne s'imprègne pas uniquement des codes du male gaze - peut être féministe et respectueuse, la plupart des films X ont cependant tendance à fonctionner selon les mêmes schémas qui feraient du plaisir masculin le roi. Et du corps féminin un simple accessoire qui mènerait à la jouissance.
Dans une démarche d'inclusivité, les rédactrices précisent également qu'elles ne parleront pas de "sexualité" mais bien de "sexualités", au pluriel. "Parce qu'il y a autant de sexualités qu'il y a de femmes", ajoutent-elles. "A chacune ses désirs, son plaisir, seule, ou avec le ou la partenaire de son choix ! Avec ce site, nous cherchons à donner aux filles la possibilité de s'approprier leur sexualité et de se libérer".
Au fil des rubriques, on peut en apprendre davantage sur ses poils, la fécondation, la contraception, mais aussi la différence entre "vulve" et "vagin", et comprendre le mythe de la "coucougnette bleue", qui justifie les "besoins" sexuels des garçons et des hommes.
Surtout, on peut facilement accéder aux "sites amies" et numéros à consulter pour obtenir davantage d'informations sur les sujets traités, tels que les règles, le consentement et les bases d'une relation saine, l'homosexualité ou la bisexualité, ou encore les violences masculines. Un projet nécessaire (réalisé par 40 femmes sur 4 ans, en non mixité) qui offre de véritables réponses bienveillantes et sororales, mais qui pointe aussi du doigt la quasi inexistence des cours d'éducation sexuelle dans les établissements scolaires.