Alors que les grèves des salariés d'Air France ont grandement inquiété les Français pendant près de deux semaines, les Allemands s'intéressent aussi de près aux revendications en cours dans le secteur aérien. Ici, point d'attroupement de pilotes décidés à en découdre avec leur direction et prendre part aux décisions stratégiques... mais un seul homme. Ce dernier, pilote au sein de la compagnie historique allemande, la Lufthansa, s'était vu refusé le commandement d'un vol à destination de New-York en 2009. En cause, son refus de porter la casquette réglementaire de pilote.
Or, chez Lufthansa, le port de la fameuse casquette est obligatoire pour les hommes mais pas pour les femmes. La compagnie justifie notamment ce choix par l'incompatibilité entre port dudit couvre-chef et esthétique de la coiffure. D'où le caractère dispensable de cet atour « historique » auprès de la gent féminine. Ce traitement de faveur a donc provoqué l'ire du pilote et motivé une attaque en justice contre son employeur, au nom de l'égalité des sexes.
Si une cour lui a dans un premier temps donné raison, le jugement en appel rendu par le tribunal régional du Travail de Cologne en octobre 2012 confirmait la validité du règlement de la Lufthansa. « L'uniforme varie selon les sexes » avait justifié le juge, ajoutant que « les femmes pilotes ont par exemple le droit de porter une jupe, les hommes non, sans que ces derniers s'en sentent désavantagés »... comparant au passage un vêtement mixte à un autre qui ne l'est pas.
Le marathon judiciaire était pourtant loin d'être terminé. Cinq ans après les faits, le Tribunal fédéral du Travail a finalement statué en faveur du plaignant. Résultat : les pilotes masculins ne sont désormais plus obligés de porter la traditionnelle casquette au sein de la compagnie fondée en 1926.
Si cette dernière décision de justice constitue un pas indéniable vers davantage d'égalité entre l'homme et la femme, on peut regretter que l'obligation du port de la casquette n'ait tout simplement pas été étendue à la gent féminine ! Car le couvre-chef a plutôt belle allure avec ses galons dorés et son beau bleu marine... et, surtout, la tradition de la Maison aurait été sauve. Ach, mein Gott !