Elles ont des visages d'ange, des crinières de stars hollywoodiennes et des courbes presque trop parfaites. Barbie et ses petites copines sont peut-être faites de plastique, cela ne les empêche pas d’être souvent au cœur de l’actualité. On leur reproche notamment des critères de beauté impossibles à atteindre, qui fausseraient donc l’image que les petites filles se font d’un corps normal et en bonne santé. Mais au pays de la poupée paillette, il y en a une qui dérange encore plus que la reine Mattel : la Bratz. Apparue sur le marché du jouet en 2001, elle a énormément fait parler d’elle à ses débuts à cause de son look tout en vulgarité mixant bouche ultra pulpeuse, maquillage très (très) voyant et vêtements aux découpes sexy. L’hypersexualisation de la poupée a d’ailleurs longtemps fait frémir les parents américains, mais cela n’a pas empêché les célèbres Yasmin, Cloé, Jade et Sasha de se vendre par millions à travers le monde.
Conspuée par les plus de 14 ans, la Bratz est pourtant en passe de revenir en odeur de sainteté dans les coffres à jouets. L’illustratrice tasmanienne Sonia Singh a ainsi eu l’idée de récupérer des poupées abîmées dans les magasins d’occasion pour leur offrir une seconde jeunesse plus terre à terre que glamour. Les copines en plastique ont donc été démaquillées avant que leurs visages ne soient repeints. L’objectif : les faire ressembler à des jeunes filles normales. Les coiffures et les vêtements ont également été changés. Exit boas roses, mini jupes et chaussures à plateformes. Sous l’impulsion de la jeune maman, les Bratz ont été rhabillées avec de jolies tenues tricotées mains.
Créé il y a une dizaine de jours à peine, le Tumblr de Sonia Singh consacré à la réhabilitation des poupées Bratz est très rapidement devenu viral. A un tel point que la jeune artiste s’apprête à ouvrir une boutique sur le site de vente en ligne Etsy. Interrogée par le site australien Daily Life, elle avoue recevoir énormément de mails de la part de parents très intéressés par ses créations :
« J’ai été contactée par énormément de mamans à travers le monde qui souhaitent trouver des poupées qu’elles seront heureuses d’offrir à leurs enfants. J’ai reçu un mail d’une maman d’Amérique Latine qui m’expliquait qu’elle aimerait que son fils grandisse dans un monde où ces poupées sont des exemples pour les petites filles. Je pense que c’est quelque chose qui concerne tous les parents. Je suis heureuse que mon travail ait également servi à ouvrir des discussions sur la place de la femme dans la société ».
Avec ses poupées « ordinaires », Sonia Singh s’inscrit directement dans la lignée de Nicolay Lamm, ce jeune graphiste américain qui a fait le buzz à la fin de l’année dernière grâce à sa Lammily Doll. Vendue avec des stickers cellulite, boutons et cicatrices, cette dernière a également les mensurations moyennes d’une jeune américaine. Point de taille de guêpe donc, mais des courbes qui reflètent la réalité. Interrogé par l’AFP, le créateur de Lammily confiait à l’époque : « J’ai voulu montrer que c’était très bien de ressembler à une personne normale ».
Les deux entrepreneurs en viendront-ils à inspirer les gros vendeurs de jouets ? Pour le moment, il y a encore pas mal de boulot. Des Monster High aux Equestria Girls, les poupées qui cartonnent dans les rayons affichent encore et toujours jambes interminables et bustes à faire frissonner d’envie Kim Kardashian. Néanmoins, la parfaite Barbie semble lasser ses fans. Au dernier trimestre 2014, Mattel a vu ses profits chuter de 59% par rapport à la même période l’année précédente. Si l’intérêt croissant des enfants pour les jeux électroniques joue forcément un rôle dans ce recul des ventes, on peut également noter que la poupée blonde n’a jamais évolué avec son temps. Un physique normal pourrait-il changer la donne ? On se permet de le croire.