En embauchant Loana et Benjamin Castaldi pour sa nouvelle pub, l'enseigne de produits discount pour la maison Gifi pensait sûrement tenir le coup de génie. Seize ans après la première saison de Loft Story, marquée à jamais par la fameuse scène non-censurée dans la piscine entre Loana et Jean-Edouard, quoi de mieux pour vanter ses équipements de loisirs que de s'attacher les services des premiers concernés ?
Disparu des radars médiatiques, Jean-Edouard a laissé sa place pour l'occasion à Benjamin Castaldi qui se plaît à "rejouer" la scène avec la grande gagnante de l'émission.
Ça aurait pu être marrant, second degré (on a décidé d'être clémentes). Ça aurait pu faire jouer la corde de la nostalgie à tous les trentenaires d'aujourd'hui qui ont suivi religieusement à l'époque cette toute première émission de télé-réalité à la française.
Ouais, ça aurait pu. Seulement voilà. Plutôt que de se moquer gentiment de l'animateur (lui aussi pourtant pas mal amoché), les pubards qui ont pondu le spot n'ont rien trouvé de mieux que de s'en prendre ouvertement au poids de Loana. Aussitôt qu'elle met un pied dans la piscine gonflable, l'ex-candidate de télé-réalité se mue en une "bombe" bien plus jeune et plus mince. Jugez plutôt :
Ha Ha Ha. C'est vrai, c'est si drôle de se moquer d'une femme qui lutte contre les kilos en trop depuis des années. D'une femme qui a longtemps été fragile psychologiquement, a été hospitalisée en unité psychiatrique et a fait plusieurs tentatives de suicide.
Outre le sexisme évident de la pub, qui se croit obligée de mettre des nanas en maillot de bain pour vendre une piscine (tandis que le seul homme, lui, reste habillé), le propos est éminemment grossophobe. Ce que sous-entend Gifi, c'est que la Loana version 2017 n'est plus un canon parce qu'elle a pris du poids. D'ailleurs, Loana elle-même (dont on se demande vraiment ce qu'elle fiche là-dedans) semble s'apercevoir du message discriminatoire que la pub véhicule quand elle dit à Castaldi : "On n'a pas changé, toi et moi."
Et le pire dans cette histoire, ce n'est pas la pub en elle-même. C'est la façon dont elle est traitée dans les médias. Pour Voici le spot est "un sketch hilarant", pour Gala c'est "une publicité pleine d'humour". Le Huffington Post loue "une vidéo pleine d'autodérision" quand Puremédias avance le "second degré" de la pub. C'est bien pratique le second degré, hein. Ça permet de se moquer tout en se donnant bonne conscience. Parce qu'après tout, Loana rit d'elle-même, alors nous aussi on a le droit d'y aller de notre petit commentaire sur son physique.
Cette pub Gifi ne fait pas dans l'autodérision, elle se vautre dans le sexisme et la discrimination envers les personnes qui ne répondent pas aux standards de beauté. Heureusement, des internautes ont été là pour le rappeler. Oui, seize ans après, nous en sommes toujours là.