La sonnette d'alarme avait déjà été tirée le 25 novembre 2014. Lors d'un colloque organisé à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le centre Hubertine Auclert avait braqué les projecteurs sur le fléau que constitue le cybersexisme. Né de l'utilisation accrue d'Internet par les adolescents et de la multiplication des réseaux sociaux, ce phénomène connaît en effet un fort développement. Insultes et humiliations sur Facebook, Twitter et consorts par le biais du slut shaming ou du revenge porn, harcèlement par téléphone ou email, menaces : ce sexisme numérique revêt différentes formes.
Et sans surprise, les jeunes de 15 à 18 ans, sont les principaux concernés par ce phénomène, à hauteur de 45%. Mais parmi ces digitals native, ce sont les filles qui sont les premières victimes. Pour preuve, un sondage Ipsos dévoilé en novembre dernier révélait que 26% des adolescentes âgées de 15 à 20 ans avaient déjà subi des humiliations et harcèlements en ligne, contre 21% des garçons. Pourtant, malgré les drames humains provoqués par ce phénomène (suicides, décrochage scolaire...), rares sont les victimes de cyberviolence à caractère sexiste ou sexuelle qui osent porter plainte. En effet, 45,6% des jeunes filles préfèreraient garder le silence. Quant aux témoins, si 90% d'entre eux souhaiteraient intervenir, ils sont 76% à avouer ne pas savoir comment réagir.
Un tumblr pour faire reculer le cybersexisme
Autant de raisons pour lesquelles la région Île-de-France et le centre Hubertine Auclert ont lancé une campagne de sensibilisation à l'attention des collégiens, lycéens et des équipes pédagogiques. Baptisée Stop Cybersexisme, elle vise à libérer la parole des victimes, mettre les agresseurs face à leurs responsabilités et sensibiliser le public à la législation en la matière. Ainsi, pas moins de 1 500 kits de sensibilisation ont été créés et envoyés à tous les collèges, lycées et autres établissements du second degré. Ils sont composés d'affiches et de deux livrets pédagogiques : l'un à destination des jeunes, l'autre à destination des encadrants.
Par ailleurs, et afin de diffuser un message moins institutionnel et de toucher sa cible, le centre a décidé d'utiliser les outils numériques dont les plus jeunes sont particulièrement friands. Ainsi, l'outil phare de la campagne n'est autre qu'un tumblr spécialement conçu pour l'occasion . "Nous avons choisi d'utiliser l'humour pour aider les adolescents à réfléchir et les inciter à lutter contre ce phénomène", argumente Djénéba Keïta, présidente du centre et conseillère régionale d'Île-de-France. À noter qu'au début du mois, et pendant une semaine, la campagne Stop Cybersexisme s'était affichée dans les transports en commun, parce que la lutte contre les violences virtuelles est l'affaire de tous.