C'est une mesure exceptionnelle : le gouvernement du Groenland a décidé de dire non à l'exploitation pétrolière. Plus précisément, le pays interdit désormais tout nouveau site de pétrole. Pour qui est sensibilisé un tant soit peu à la cause climatique et environnementale, c'est une grande nouvelle, énoncée dans un communiqué du 15 juillet.
"C'est une étape logique, car le gouvernement prend la crise climatique au sérieux", explique la ministre des Matières premières, Naaja Nathanielsen, comme le rapporte le média écolo L'info Durable. La dirigeante politique poursuit : "La décision a également été prise dans l'intérêt de notre nature, dans l'intérêt de notre pêche et pour concentrer notre économie sur les potentiels réels". Le signe d'une politique plus "green" donc, où le réchauffement climatique ne fait pas simplement office d'enjeu de second plan.
Mais ce n'est pas tout. Le gouvernement pourrait prochainement interdire l'extraction d'uranium. "L'interdiction de l'extraction de l'uranium est enracinée dans une conviction profonde que les activités commerciales doivent prendre en compte la nature et l'environnement", détaille la Première ministre Múte Bourup Egede. Une autre mesure qui fait sens pour qui désire réduire pollution et déchets - radioactifs, entre autres.
Cette interdiction portera-t-elle ses fruits ? On l'espère. Mais rappelons qu'elle concerne les nouvelles exploitations pétrolières, et pas les sites encore actifs au Groenland. Et que, comme l'énonce L'info durable, cette initiative part aussi du constat selon lequel lesdites exploitations ne seraient plus suffisamment rentables financièrement pour l'économie du pays - il n'y a donc pas qu'un grand projet écologiste derrière tout cela, même s'il est notable.
"Une nouvelle analyse économique de la rentabilité de l'exploration pétrolière au Groenland montre clairement que la rentabilité est faible, avec des rendements en réalité deux fois inférieurs à ce qu'attendent les compagnies pétrolières. Cela conforte le gouvernement dans le fait que la bonne décision a été prise", explique à ce titre la ministre des matières premières Naaja Nathanielsen, comme le rapporte le média économique Capital.
Pas toujours évident cependant de penser l'enjeu écolo en cohésion avec celui de l'indépendance économique. "Si la protection de l'environnement est au coeur des préoccupations, il y a aussi une volonté de poursuite des activités économiques dont les habitants dépendent. Les Groenlandais vivent déjà une situation socio-économique extrêmement difficile et ont aussi besoin de créer de la richesse pour permettre l'indépendance" explique à ce titre Camille Escudé-Joffres, chercheuse à Sciences-Po Paris, dans les pages du journal Libération.
On aime pourtant à croire que ce projet loin d'être anecdotique n'est que la prémisse d'un éventail de missions plus conscientisées, dans un pays dont la nouvelle majorité (de gauche) est écologiste.