« Couvrez ce sein que je ne saurais voir », ou quand la Régie autonome des transports parisiens (RATP) paraphrase Molière et sa célèbre pièce «Tartuffe ou l’imposteur ». D’après une information du Parisien, la société aurait ainsi demandé à la maison de disques d’Etienne Daho, Mercury, de masquer les seins nus présents sur l’affiche promotionnelle de son dernier album, « Les chansons de l’innocence retrouvée ». Faute de quoi, celle-ci serait proscrite de toute diffusion sur les murs des stations de métro et de RER, aussi bien à Paris qu’en Ile-de-France. Confronté à ce refus, la maison de disque a produit une nouvelle affiche.
L’affiche incriminée est un cliché noir et blanc pris par le photographe Richard Dumas, collaborateur régulier de Libération et du Monde. On peut y voir Etienne Daho posant auprès d’une jeune femme en string et seins nus, dans l’encadrement d’une porte en bois ciselé. Etienne Daho explique au Parisien que « ce n’était une photo posée ni pour elle ni pour lui, presque une blague ». Et d’ajouter, « je suis avec mon vieux tee-shirt, mon vieux jean, pas apprêté. Mais quand j’ai revu cette image, c’était une évidence. Authentique, juste, belle, c’est la meilleure vitrine de ce disque ».
Conscient que l'image pourrait choquer, le chanteur confiait déjà au Parisien avant cette décision de la RATP, que la controverse lui était égale : « On ne va pas se mettre à sticker tous les seins des statues du Louvre. La nudité provoque toujours des réactions, certaines femmes trouvent cela sexiste, mais il n’y a pas ça dans cette photo ».
Malgré ses explications de l’artiste, ce nu « authentique » n’était pas du goût de la régie publicitaire de la RATP. Etienne Daho n’est d’ailleurs pas le premier artiste à voir ses affiches refusées. Le chanteur de rock français, Damien Saez, a vu à deux reprises les affiches de ses albums « J’accuse » et « Miami » censurées. La première présentait une femme nue dans un caddie tandis que la seconde montrait un phallus géant composé de billets de 500 euros. La dignité de la femme avait alors été invoquée par la régie publicitaire comme motif de refus d’affichage dans les métros parisiens.