Avant que la police ne refasse le scénario de la soirée du 7 mars 2009, il s’est passé plus de trois mois. Depuis le jour où la disparition des amants Luc Amblard et Guy Bordenave a été signalée par la sœur de ce dernier, Marie-Laure Bordenave, jusqu’à celui où les enquêteurs ont déterré deux cadavres près d’un fleuve de la Nièvre.
L’histoire est celle d’un couple homosexuel qui réussit, et qui mène une vie tranquille dans le village de Couy, dans le Cher. Leur société, Bourges Gala, organisatrice de spectacles, est prospère. Guy Bordenave a même embauché l’ex compagnon de sa sœur, Claude Juillet. Celui-ci a un passé chargé, il a écopé dans les années 1980 de huit ans de prison pour braquage. Ce qui explique certainement pourquoi Guy ne voit pas d’un très bon œil que sa sœur continue de le fréquenter malgré leur séparation. Au procès, Marie-Laure confiera en effet que leur histoire n’était pas terminée « je l'aimais. On vivait chacun chez soi mais on se fréquentait.»
Deux hommes montent un scénario d’extorsion
Durant l’hiver 2009, Claude Juillet héberge l’un de ses amis au chômage, Christophe Rayé. Les deux hommes fomentent alors un scénario pour extorquer de l’argent à Guy Bordenave et Luc Amblard. Animés par la jalousie, la rancœur ou par pure convoitise, les complices élaborent un plan d’assassinat.
Le 7 mars 2009, Claude et Christophe se présentent chez le couple, qui les accueille sans crainte. Selon le récit de Claude Juillet, Christophe Rayé aurait alors asséné un coup de crosse de fusil à Guy Bordenave, dont le sang a été retrouvé par la suite sur un oreiller. Menaçant les deux hommes avec le même fusil, Christophe et Claude obtiennent leurs codes bancaires. Ils auraient ensuite laissé leurs victimes s’assoupir en attendant l’aube.
Le 8 Mars au petit matin, Guy Bordenave et Luc Amblard sont emmenés à la Charité-sur-Loire (Nièvre) près d’un fleuve, où un trou profond a été creusé. Ils sont attachés et bâillonnés, puis assis l’un en face de l’autre au fond du trou. Leurs bourreaux auraient mis une heure trente à les ensevelir vivants.
Condamnés à 30 ans de réclusion
C’est Marie-Laure Bordenave qui signale leur disparition le 10 mars. Les enquêteurs comprennent vite en inspectant leur maison qu’il ne s’agit pas d’un départ prémédité. Mais les recherches piétinent, jusqu’à ce que la sœur de Guy surprenne Claude Juillet en possession de la carte bleue de son frère. Claude et Christophe sont bientôt arrêtés, mais les corps ne seront retrouvés qu’au mois de juin 2009.
Le procès de Claude Juillet et Christophe Rayé a permis de révéler un certain nombre de détails mais le mobile de ce meurtre particulièrement cruel n’a pas été formellement démontré. « Ça m'arrangeait pour régler mon problème, et lui (Christophe) pour l'argent», aurait déclaré Claude Juillet, cité par France Soir. «Je [ne]savais pas comment faire pour arrêter... je [ne] regardais pas les victimes», aurait-il avoué. La cour d’assises du Cher a condamné Claude Juillet et Christophe Rayé à 30 ans de réclusion pour « enlèvement et séquestration suivie de la mort ». D’après des témoins présents au procès, ce verdict n’a provoqué aucune réaction chez les deux criminels.