A quel rythme et à partir de quel âge les enfants peuvent-ils regarder la télévision et utiliser smartphones et tablettes ? Pourquoi faut-il veiller à ce qu'ils ne soient pas trop connectés et comment y parvenir ? Anne Peymirat, coach parentale et auteure de "Débranchez vos enfants" (First Editions), nous apporte réponses et conseils afin d'aider les parents à mieux gérer la présence des écrans dans la vie de nos enfants.
Anne Peymirat : Effectivement, on constate qu'en moyenne, les enfants passent près de deux fois plus de temps sur leurs écrans qu'à l'école. Cela montre à quel point ils sont connectés. Si bien que les écrans deviennent un motif de consultation pour les parents qui ne savent plus trop quoi faire pour réussir à gérer leur dosage.
A.P : Les écrans ont d'abord un impact négatif sur le sommeil. Les enfants qui y passent trop de temps dorment moins et jouissent d'un sommeil de moins bonne qualité. Il y a d'abord la lumière des écrans qui est un ennemi à l'endormissement, et le temps consacré aux écrans nuit à d'autres activités comme le sport, les jeux qui permettent de mieux dormir.
Les écrans peuvent également nuire à la concentration. Des études montrent que lorsqu'une télévision est allumée, l'enfant éprouve plus de difficultés à s'investir dans ce qu'il fait. Cela est valable pour les devoirs mais aussi, dans le cas des tout-petits, même s'ils ne regardent pas directement l'écran, leur temps de jeu - qui consiste, en autre, à manipuler des objets - est 25% plus court.
De même, les très jeunes enfants regardant beaucoup la télévision possèdent moins de vocabulaire que les autres. C'est intéressant de le souligner parce que certains parents croient bien faire en les mettant devant des programmes dits "adaptés". Or, quelle que soit la qualité du programme, un petit apprendra nettement mieux en nous regardant et en décelant nos émotions pendant que nous lui parlons de vive voix.
Ils ont également un impact sur les résultats scolaires. Les études révèlent que plus les enfants sont happés par leurs écrans, plus il y a de chances que leurs résultats scolaires chutent.
Enfin, les chances que l'enfant souffre d'obésité sont elles aussi décuplées par la sédentarité engendrée par le visionnage des écrans.
A.P : Consommés à petites doses, les écrans comportent certains avantages. Par exemple, les tablettes proposent des activités ludiques qui permettent aux enfants de s'amuser et d'apprendre à se divertir seul. De même, les laisser regarder, de temps en temps, des dessins animés si ça leur fait plaisir, pourquoi pas. Les écrans peuvent également constituer une source d'amusement en famille, qu'il s'agisse d'un jeu ou d'un film. Il y a aussi les applications types WhatsApp qui permettent aux enfants de pouvoir échanger messages et photos avec leurs amis, notamment lorsqu'ils sont en vacances.
A.P : A partir de trois ans, un enfant peut commencer à regarder la télévision ou à jouer à des jeux sur la tablette. Avant cet âge, les enfants sont trop jeunes, ils ont d'autres besoins auxquels les écrans auront du mal à répondre. Quant au smartphone, chaque parent fera comme bon lui semble, mais en règle générale, il n'en possède pas avant les années de collège. Et si l'on préfère que l'enfant en possède un plus tôt afin de pouvoir le joindre, il suffit d'opter pour un téléphone tout simple, et non pour un smartphone.
A.P : L'important est déjà que les parents réfléchissent bien à ce qu'apprécie l'enfant, ce qui l'intéresse dans les écrans car il y a une variété de contenus et de mode de consommation incroyables. Aux parents aussi de voir ce pour quoi ils sont d'accord ou non, en fonction de leurs propres valeurs. Il s'agit aussi de réfléchir au(x) support(s) que l'enfant pourra ou non utiliser : a-t-il droit de regarder tout type d'écran ou bien seulement la télévision, l'Ipad ou le smartphone ? Il est également conseillé de fixer des horaires de connexion.
A.P : S'il l'on les laisse livrés à eux-mêmes, beaucoup d'enfants passeraient bien leurs journées rivés devant l'écran, tant ils sont captivés. C'est donc le rôle des parents de limiter les temps d'accès et de débrancher les écrans à certains moments. Rares sont les enfants à le faire d'eux-mêmes. C'est pourquoi aussi nombre de parents installent des codes et autres protections parentales, afin de veiller à ce que leur progéniture ne reste pas collée devant l'écran en leur absence ou ne se lève la nuit pour aller le rallumer et jouer comme le font certains. D'autant qu'aujourd'hui, il y a 7 écrans en moyenne par foyer en France et il n'est pas toujours évident d'avoir un oeil sur chacun. Il faudra aussi changer le mot de passe régulièrement parce que les enfants sont très doués pour les découvrir.
Autres alternatives, couper le wifi sur la box à certains horaires ou déconnecter seulement certains appareils.
Il existe aussi des logiciels permettant de contrôler le temps global qu'un enfant va pouvoir passer sur son téléphone, l'accès est coupé au bout d'un temps défini. Par exemple, une heure par jour. Cela peut permettre à l'enfant de s'autoréguler, de se responsabiliser tout en lui accordant un minimum de souplesse.
A.P : Selon moi, tout est dans l'anticipation. Car si l'on demande à un enfant d'arrêter de jouer à un jeu sur un écran, sa réaction sera nettement plus exacerbée que si l'on lui demande de cesser une partie de Lego. C'est plus compliqué. Je délivre donc dans la première partie de mon livre "Débranchez vos enfants" toute une série de techniques pour les préparer au fait qu'on va les débrancher, en douceur. Des techniques à mettre en oeuvre en amont pour que l'enfant ne soit pas pris au dépourvu.
"Débranchez vos enfants" de Anne Peymirat, First Editions, 9,95 euros