C'est libres, mais visiblement fatiguées et bouleversées, que Pauline Hillier, Marguerite Stern et Joséphine Markmann ont donné, quelques heures après avoir atterri à l'aéroport d'Orly, une conférence de presse. Sous le regard des journalistes présents au Lavoir moderne, le QG des Femen, et celui de leur porte-parole Inna Shevchenko, les trois sextrémistes sont revenues longuement sur les conditions extrêmes dans lesquelles elles ont été détenues en Tunisie. Pauline Hillier a ainsi expliqué que la prison de Manouba, située dans la banlieue de Tunis, où elles ont été retenues près d'un mois était « une prison mixte, où quand on arrive, il y a du sang sur le sol, il y a des hommes avec des cicatrices fraîches. On vous met contre un mur et vous patientez un long moment ici avant d'être placé dans une cellule où vous dormez sur des couvertures pleines d'urine au milieu des tâches de sang […] Quand on est arrivées, on nous a clairement dit le message de qui commandait ici, en nous frappant violemment pendant cette première fouille au corps. »
Toutes trois ont affirmé avoir subi, durant 29 jours, des brimades quotidiennes et « d'importantes pressions physiques et psychologiques. » Nos conditions de détention « sont allées de mal en pis, a ainsi raconté Pauline Hillier. Nous avons été enfermées au palais de justice dans une pièce sombre, insultées et frappées par la police. Une fois en prison, les humiliations étaient quotidiennes, comme par exemple quand une gardienne vous demande de retirer votre protection hygiénique devant tout le monde et la poser dans le couloir. »
Les trois jeunes femmes sont aussi revenues sur les regrets qu'elles ont prononcé lors de leur procès en appel et qui ont été formulés à la demande des ambassades française et allemande : « Nous n'avions aucun contact à part avec nos ambassades. Elles nous ont conseillées de nous excuser, nous expliquant que c'était notre dernière carte à jouer », s'est justifiée Pauline Hillier, 26 ans. « Nous avons regretté, mais nous ne nous sommes pas excusées. Femen ne s'excuse jamais », a ajouté la Femen allemande Jospéhine Markmann.
Les sextrémistes ont également indiqué que leur combat ne s'arrêtait pas là : « Nous avons considéré que nous n'avions pas vocation à être des martyres et que nous serions plus efficaces libres pour continuer la lutte », a expliqué Pauline Hillier. Une lutte pour Amina Sbouï, la Femen tunisienne de 19 ans qui est elle aussi détenue depuis le 19 mai pour avoir peint le mot « Femen » sur le muret d'un cimetière : « Quand on parle de charia, on a plus en tête des pays comme l'Égypte ou l'Iran, mais en fait la charia est clairement appliquée en Tunisie […] C'est un combat qu'on ne lâchera pas pour Amina, pour la personne qu'elle est, pour ce qu'elle représente, pour toutes les femmes qui sont emprisonnées dans cette prison selon des motifs absolument débiles et injustes. On ne lâchera pas Amina », a réaffirmé Marguerite Stern.