C'était il y a un an. En pleine pandémie débarquait dans les librairies une publication libératrice : La déferlante, "revue des révolutions féministes". En guise de première interview centrale, c'est la cinéaste Céline Sciamma qui ouvrait le bal. Rien de plus logique finalement, pour le numéro-anniversaire à paraître ce 3 mars, que de voir Adèle Haenel, interprète du Portrait de la jeune fille en feu, se prêter à son tour au jeu de l'entretien.
La déferlante célèbre donc sa première année d'existence en mettant à l'honneur Adèle Haenel dans le cadre d'une interview croisée et fleuve (dix pages) avec la journaliste Rokhaya Diallo. L'actrice y aborde avec la prose précise et consciente qu'on lui connaît quantité de sujets : la politique d'Eric Zemmour, l'oeuvre de Virginie Despentes (majeure dans sa vie), Sandrine Rousseau, l'antiracisme, les rapports de classe et de domination...
Mais le sommaire du cinquième numéro de ce mook "qui pense l'époque par le prisme du genre" propose aussi un retour sur la campagne présidentielle riche en sexisme de Ségolène Royal en 2007, un focus sur la condition critique des femmes de ménage, un dossier dédié à la poétesse Sylvia Plath...
Mais ce n'est pas tout.
Comme à l'accoutumée, La déferlante se démarque par son exigence. Ainsi se plongera-t-on dans cette enquête sur la lutte des femmes lesbiennes contre le sida durant les années 80 et 90, une "histoire encore trop méconnue". Riche d'enjeux intersectionnels divers, ce numéro dédie également un article aux droits des enfants, indissociables des luttes féministes. Autre question d'actualité s'il en est, un texte alerte revient quant à lui sur l'origine de l'expression "On peut plus rien dire", punchline des boomers.
C'est également un reportage sur l'organisation et le sens des collages féministes, mobilisation posant des mots sur les violences sexistes et sexuelles, qui a particulièrement retenu notre attention. Une immersion au coeur de l'activisme et de ses slogans, où collages rime bien souvent avec colère. On repense dès lors à ces mots d'Adèle Haenel : participer à "une mise en mouvement", "essayer de se battre pour une société plus juste".
Ce numéro sort quelques jours avant le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes. Mais il vient aussi prendre le pouls d'un pays en pleine période électorale, contexte où certains enjeux (égalité des sexes, écologie, droits des minorités) sont loin, très loin, de monopoliser la sphère politico-médiatique.
"C'est parce que nous sommes conscientes de la guerre idéologique qui se mène partout autour de nous que nous avons à coeur de poursuivre ce travail de documentation des luttes et des idées, apporter notre pierre au lent processus de transformation de la société", assurent à ce titre les fondatrices de la revue, Marie Barbier, Lucie Geffroy, Emmanuelle Josse et Marion Pillas.
Après un an d'existence, La déferlante réunit 9 500 abonné·es et 8 500 ventes en librairie, en moyenne, à chaque numéro. On ne peut que vous inciter à soutenir cette revue adelphe et captivante. Chez votre librairie donc, ou bien en ligne, en vous rendant ici-même.